TISSUS ANIMAUX
Les caractéristiques de la vie, telles l'irritabilité, la motilité, les capacités de nutrition et de reproduction, se rencontrent aussi bien chez un Protozoaire, organisme unicellulaire autonome, que chez les organismes pluricellulaires (Métazoaires) les plus complexes. Dans le premier cas, ces propriétés appartiennent toutes à une seule cellule. Dans le second, elles se trouvent réparties dans des cellules qui se distinguent les unes des autres en se spécialisant dans un type d'activité donné et que l'on dit différenciées. Leur morphologie se transforme en conséquence. Les autres fonctions peuvent se maintenir, se réduire, éventuellement disparaître (la cellule nerveuse normale ne peut plus se reproduire).
Chez les Métazoaires d'une certaine complexité, des cellules présentant un même type de différenciation sont souvent regroupées de telle sorte que leurs propriétés individuelles sont amplifiées grâce à leur nombre : des ensembles fonctionnels pluricellulaires sont ainsi individualisés, leurs caractères morphologiques sont très typiques : ils sont désignés sous le nom de tissus. Ce ne sont pas toujours des regroupements de cellules semblables ; si certains représentent bien des dispositifs permettant de rendre efficace à l'échelle anatomique une propriété cellulaire (cas du tissu musculaire, où le nombre et l'organisation des cellules réalisent ce changement d'échelle), il n'en est pas toujours ainsi. D'autres tissus, constitués de plusieurs types cellulaires, voient ceux-ci coopérer pour faire naître un dispositif nouveau : cellules ciliées et cellules à mucus des revêtements respiratoires combinent leur action. Il en résulte un dispositif intégré, le « tapis roulant » du film de mucus, efficace pour le transport des poussières vers l'orifice laryngé. On pourrait multiplier les exemples.
Enfin, les tissus s'associent pour former des ensembles fonctionnels où leurs propriétés s'intègrent de manières diverses, constituant les « tuniques » des organes creux ou le « parenchyme » des organes pleins. Ces complexes pluritissulaires représentent un palier dimensionnel intermédiaire entre les tissus et les unités fonctionnelles plus importantes.
Les grandes fonctions s'assurent en effet au sein d'appareils, pour l'organisme entier (appareils digestif, locomoteur, reproducteur, etc.). Ces appareils regroupent en nombre variable les organes qui en sont des sous-unités. Toutes ces formations sont donc constituées par des tissus diversement combinés.
Les tissus représentent en définitive des ensembles coopératifs de cellules ; ils sont le premier niveau dimensionnel d'organisation supracellulaire. S'ils sont fonctionnellement différenciés, ce sont aussi des unités biologiques où s'organise spécifiquement la vie cellulaire individuelle (métabolisme, reproduction).
On distingue habituellement, en première approximation, quatre catégories de tissus : les épithéliums, les tissus conjonctifs, les tissus musculaires et le tissu nerveux. Leur combinaison en proportions variables et leur agencement topographique donnent à chaque organe son individualité. Certains tissus (conjonctif lâche, musculaire lisse) sont des matériaux de base très répandus et se retrouvent sensiblement identiques dans des organes fort différents. Cependant, les organes doivent leurs propriétés spécifiques non seulement au type de combinaison pluritissulaire qu'ils représentent, mais surtout à la très grande spécialisation de certaines cellules et par conséquent des tissus qui les renferment (par exemple, épithéliums sensoriels).
La structure des tissus constitue l'un des objets d'étude de l' histologie (étymologiquement, science des tissus). L'instrument de travail de base reste encore souvent le microscope, ordinaire ou électronique. L'histologie ne se contente[...]
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Écrit par
- Roger MARTOJA : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-Marie-Curie
- Jean RACADOT : professeur émérite à la faculté de médecine Pitié-Salpêtrière, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Autres références
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