TISSUS D'ART
Extrême-Orient
Soie
Chine
Le ver à soie (Bombyx mori) est originaire des provinces septentrionales de la Chine. Les Chinois ont été les premiers à tisser la soie de ses cocons et à produire des étoffes de soie à motifs décoratifs. La vraie soie est le fil continu que l'on obtient en dévidant le cocon émis par le Bombyx. Pour que le fil soit continu, il faut tuer la chrysalide sans abîmer le cocon, avant l'éclosion. Là réside le secret. De plus, pour donner au fil toute sa solidité, sa finesse, son élasticité, il convient de fournir à la chenille fileuse des soins constants et une certaine nourriture à l'exclusion de toute autre.
Un cocon de Bombyx mori artificiellement coupé fut découvert en 1926 sur un site néolithique dans le sud du Shanxi. Le tissage de la soie est attesté dès la fin de l'époque Shang (xvii-xie s. av. J.-C.) par l'empreinte qu'ont laissée des fragments de soierie sur certains bronzes.
Les centres de production de soie se sont étendus, au cours de l'histoire chinoise, du nord vers le centre et le sud du pays. Aux environs de l'ère chrétienne, le Shandong est encore le centre le plus prospère de production et de manufacture ; à l'époque Song (960-1279), à côté des régions du Nord et du Sichuan qui fournissent de la soie de haute qualité, la production se développe en Chine centrale. Les provinces du Centre et certaines régions du Sud apparaissent comme les principaux producteurs de soie, tandis que le Nord (Shandong et Henan) se spécialise dans la fabrication du tussor.
La sériciculture, qui fut toujours en Chine le complément de l'agriculture dans l'économie familiale, demeura très longtemps le travail des femmes. Son importance est due en partie aux multiples usages de la soie dans la vie quotidienne ; la soie servit très tôt non seulement à la confection des vêtements, des articles de luxe, mais à celle des cordes pour les instruments de musique, des fils de pêche, des cordes d'arc, de toutes sortes de liens. La bourre de soie était utilisée pour matelasser les vêtements d'hiver et pour faire du papier chiffon. Dès le viie siècle avant notre ère, la soie servit de support à la calligraphie, à la peinture et à la rédaction de certains actes officiels.
Très tôt, la soie devient une valeur pure. Elle sert, au même titre que le grain, à payer le salaire des fonctionnaires, à récompenser les services exceptionnels. Elle devient la monnaie d'échange avec les pays étrangers. Le commerce de la soie, apparu peut-être antérieurement au iiie siècle avant notre ère, s'intensifie avec la dynastie Han (iiie . av.iiie s. apr. J.-C.). Des soieries Han furent retrouvées en Corée, en Mongolie (Noin-Ula), au Xinjiang (Turkestan chinois). Loulan, important marché sur la route de la soie, de même que Niya, à l'est de Khotan, ont livré de très nombreux fragments de ces tissus qui provoquèrent l'admiration du monde gréco-romain. Le iie siècle de notre ère marque l'âge d'or du grand commerce le long de la route de la soie, qui unissait la côte syrienne à la capitale chinoise Chang'an par le nord de l'Iran, la Sogdiane, la Bactriane et les oasis du Xinjiang. La Chine exportait ses soies vers l'Occident, mais essayait d'en conserver les secrets de fabrication ; ceux-ci se répandront peu à peu en Inde et en Iran dans les premiers siècles de notre ère ; la sériciculture sera introduite à Byzance vers le milieu du vie siècle. Cependant, il faudra attendre l'importation des soieries de l'époque Yuan (1280-1368) pour que se développent les premiers centres européens de fabrication (Pise, Lucques).
Japon
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Écrit par
- Anne KRAATZ : historienne d'art
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Marie RISSELIN-STEENEBRUGEN : docteur en histoire de l'art et archéologie, université de Liège, conservateur adjoint aux Musées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles
Classification
Médias
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