TITO JOSIP BROZ dit (1892-1980)
Président de la république socialiste fédérative de Yougoslavie et président de la Ligue des communistes de Yougoslavie, Tito a été l'un des grands chefs d'État de la seconde moitié du xxe siècle, donnant à la Yougoslavie une place internationale.
Membre du Parti communiste yougoslave en 1920, il en deviendra le secrétaire de facto en 1936 et en fera un parti discipliné et actif. Il a été l'artisan de la lutte contre l'occupant pendant la Seconde Guerre mondiale et, par là, de la révolution yougoslave. Personnalité déterminante du P.C.Y. et de la Yougoslavie depuis 1945, il a su résister à Staline en 1948 et il a affirmé une voie indépendante vers le socialisme avec l'autogestion sur le plan intérieur, l'indépendance et le non-alignement sur le plan extérieur.
La jeunesse et l'expérience de la révolution bolchevique
Très mouvementée, la vie de Tito comprend plusieurs périodes et comporte encore des points obscurs, sa biographie officielle n'en a précisés certains que récemment. Josip Broz est né le 7 mai 1892 d'un père croate et d'une mère slovène à Kumrovec, village situé au nord-ouest de Zagreb, dans la partie hongroise de l'Empire austro-hongrois ; son anniversaire officiel dans la Yougoslavie socialiste sera le 25 mai, jour de la Jeunesse. Son enfance au village l'a sûrement marqué. Il a connu la vie difficile d'une famille paysanne nombreuse (sept seulement de ses quinze frères et sœurs ont survécu) encore que sa famille fût assez bien lotie par rapport aux autres villageois et qu'il vécût des moments heureux surtout auprès de ses grands-parents maternels. Il entendit les récits des luttes paysannes d'autrefois contre les seigneurs étrangers, notamment celle de Matija Gubec, chef d'un soulèvement au xvie siècle dans les régions croates et slovènes soumises à l'Autriche – Gubec que l'on a évoqué parfois à son propos, ainsi dans un discours officiel lors de sa mort. Tito fréquenta l'école primaire, mais il dut quitter le village à quinze ans et, manquant d'argent pour émigrer outre-mer comme son père l'aurait voulu, il s'engagea comme serveur dans un restaurant à Sisak, ville au sud de Zagreb, puis il fit son apprentissage de serrurier chez un Tchèque jusqu'en 1910. Il trouva ensuite un emploi à Zagreb, où il s'inscrivit au Syndicat des métallurgistes, devenant de ce fait automatiquement membre du Parti social-démocrate. Il travaille ensuite dans diverses villes d'Autriche-Hongrie et d'Allemagne. À l'automne de 1913, il doit faire son service militaire dans l'armée austro-hongroise et devient sous-officier. Il est à Zagreb en 1914 quand éclate la guerre dans laquelle les Yougoslaves d'Autriche-Hongrie se trouvent tragiquement engagés contre les Serbes et les Monténégrins. Sans doute pour ménager les susceptibilités serbes, ce n'est qu'en 1977 que Tito reconnaîtra officiellement avoir combattu directement contre les Serbes jusqu'à la fin de 1914. Épisode contesté, il aurait été emprisonné à Novi Sad pour avoir annoncé qu'il se livrerait aux Russes une fois sur leur front, mais il aurait été libéré après avoir nié avoir tenu de tels propos. Envoyé au début de 1915 sur le front russe dans les Carpates, il se bat et est blessé à deux reprises ; la seconde fois, en mai 1915, il est fait prisonnier et restera longtemps entre la vie et la mort.
Il se trouve bientôt mêlé à la révolution russe, mais, selon ses propres déclarations, sa participation y sera modeste. Toutefois, ces événements vont le marquer ; il est en contact avec des bolcheviks et lit la littérature révolutionnaire. Tout d'abord, il refuse de s'engager dans le corps des volontaires serbes luttant contre l'Autriche-Hongrie. Il est alors interné dans des camps de prisonniers en Sibérie. Lors de la révolution[...]
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Écrit par
- Marie-Paule CANAPA : chargé de recherche au C.N.R.S., Centre d'études et de recherches internationales (C.E.R.I.)
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