TITO JOSIP BROZ dit (1892-1980)
L'activité dans le P.C.Y. et dans le Komintern
À son retour, il apprend que sa mère est morte en 1918 à Kumrovec. Il s'installe à Zagreb et, en octobre 1920, il entre au Parti communiste yougoslave qui vient d'être créé. Il participe à la campagne du parti pour les élections, à des grèves, mais jusqu'en 1924 son activité semble avoir été limitée ; le parti est d'ailleurs interdit à la fin de 1920. Licencié au début de 1921, il trouve un emploi dans un moulin de Slavonie où il reste jusqu'en 1924 quand il en est chassé par le nouveau propriétaire. En effet, en 1923, il a été contacté par un organisateur du parti et a repris ses activités. À partir de 1925, il va s'affirmer comme fonctionnaire politique du parti. Il organise la vie du parti et la vie syndicale dans divers lieux où il est embauché, ce qui lui vaut d'être souvent licencié (chantiers navals de Kraljevica, entreprise de wagons de Smederevska Palanka, usine de machines de Zagreb). Revenu à Zagreb en 1928, il devient secrétaire de l'Union des métallurgistes de Zagreb, puis de Croatie, mais est emprisonné à Ogulin pour son activité antérieure. Laissé en liberté provisoire, il s'enfuit à Zagreb où il devient membre du comité local du parti. Lors de la VIIIe conférence de ce comité (févr. 1928), Tito prend parti contre les fractions de gauche et de droite qui divisent le parti et une lettre est envoyée au Komintern lui demandant de l'aide pour les réduire. Sous l'inculpation d'avoir préparé des attentats, il est arrêté en août 1928 ; au procès qui a lieu en novembre, il affirme avec force ses convictions communistes et ne reconnaît pas la légitimité de la loi ni la compétence du tribunal, mais il nie avoir participé à un complot. Il est condamné à cinq ans de travaux forcés.
Il passe ces années dans la prison de Lepoglava puis dans celle de Maribor. Il peut cependant y exercer son métier de mécanicien ; surtout, il rencontre d'autres communistes yougoslaves avec lesquels il organise des cours de marxisme. À Lepoglava notamment, il améliore sa formation théorique au contact de Moše Pijade, juif de Belgrade, intellectuel et artiste avec lequel il se lie d'amitié. À sa sortie de prison, il est assigné à résidence à Kumrovec, mais il passe rapidement dans la clandestinité et renoue avec le Parti communiste (il est membre de la direction régionale de Croatie). Il est alors chargé d'établir le contact avec le comité central qui, ayant fui la répression, se trouve à Vienne, y compris le secrétaire général Milan Gorkić. Tito y est alors coopté dans le Politburo et reçoit pour tâche d'organiser la conférence du parti en Slovénie prévue pour septembre 1934. Après l'assassinat du roi Alexandre, la situation est tendue en Yougoslavie et Tito se rend à nouveau à Vienne, d'où il ne reviendra que pour assister à la IVe conférence du P.C.Y. en décembre 1934, qui marque le début d'un renouveau dans le parti après la désorganisation entraînée par la terreur antérieure. C'est à cette époque qu'il prend le surnom de Tito, prénom existant en Croatie.
À nouveau à Vienne, membre du Politburo, Tito est affecté à la section des Balkans du Komintern dont il devient un fonctionnaire salarié jusqu'en 1937 sous le nom de Walter. C'est alors un nouveau contact avec la patrie du socialisme, des rencontres avec des communistes étrangers. Tito fait en U.R.S.S. un premier séjour, du début de 1935 à la fin de 1936, qui sera suivi de plusieurs autres. Outre son travail pour le Komintern sous la direction de Wilhelm Pieck, il enseigne à l'École léniniste internationale et à l'Université communiste des minorités nationales d'Occident. Il assiste au VIIe congrès du Komintern (fin juillet-août 1935), où il voit Staline sans le rencontrer personnellement.[...]
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Écrit par
- Marie-Paule CANAPA : chargé de recherche au C.N.R.S., Centre d'études et de recherches internationales (C.E.R.I.)
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