TJATY
Désignant le vizir de l'Égypte ancienne, le nom de tjaty semble dériver de la racine tjet, signifiant l'« enfant », le « rejeton ». En effet, durant les premiers temps de l'histoire égyptienne, les hauts fonctionnaires du pharaon étaient également des membres de sa famille. Le pharaon était détenteur d'une force magique, et tous les êtres ou les choses qui l'approchaient en étaient aussi des réceptacles ; à plus forte raison son fils. Cependant, si l'on trouve la mention d'un personnage tjet sur la palette de Narmer, il ne semble pas que ce personnage ait la même importance ni le même rôle que le vizir, premier fonctionnaire du royaume.
Le rôle du vizir prend de l'importance sous la IVe dynastie (de ~ 2600 env. à ~ 2460) ; ces vizirs sont encore des membres de la famille royale. Mais cela n'est déjà plus le cas sous la Ve dynastie (de ~ 2460 env. à ~ 2330). Durant la Première Période intermédiaire (de ~ 2260 env. à ~ 2050), le titre de « vizir » deviendra un simple titre honorifique. Le rôle du vizir varie en fonction de celui du roi. S'il est appelé à jouer un rôle de premier plan durant les périodes fortement centralisées, son rôle s'efface jusqu'à disparaître totalement durant les périodes troublées. La restructuration se fera progressivement au cours du Moyen Empire (de ~ 2052 env. à ~ 1778) et du Nouvel Empire (de ~ 1567 env. à ~ 1085) aux dépens des gouverneurs de nomes ou nomarques, et au profit de la centralisation monarchique. Au Nouvel Empire, il exista deux vizirs : un pour la Basse-Égypte qui résidait à Memphis, et un pour la Haute-Égypte qui résidait à Thèbes. Peut-être à la fin de l'époque ramesside n'existait-il plus qu'un seul vizir ?
Le vizir se situe au sommet de la pyramide administrative égyptienne. Son rôle et sa fonction nous sont relativement bien connus grâce à des textes tels que « L'Installation du vizir » ou « L'Instruction du vizir ». Ces textes remontent à la XVIIIe dynastie, fondée en ~ 1580 par Amôsis ; cependant certains détails ont pu faire croire que ces textes avaient été composés à une époque antérieure à la XIIIe dynastie, fondée en ~ 1785. Lors de son intronisation, le vizir s'avançait vers le trône royal, et le pharaon s'adressait alors à lui en lui donnant ses instructions. Celles-ci se présentaient sous la forme d'une véritable éthique administrative. Le vizir, en effet, devait être particulièrement insensible aux sollicitations diverses de la corruption. Il devait disposer d'une forte autorité et se faire respecter par ses sujets. Pour cela il devait se montrer impartial : « Le dieu déteste qu'on se montre partial [...]. Fais en sorte qu'on te craigne ; un vrai souverain, c'est celui qui est craint. Mais songe aussi que la gloire d'un souverain, c'est d'être juste [...]. Ce qu'on attend avant tout dans la fonction du vizir, c'est l'exercice de la justice. » Le vizir devait surveiller l'ensemble de l'administration palatiale, c'est-à-dire aussi, en raison de la centralisation égyptienne, l'ensemble de l'administration du pays. Le vizir contrôlait encore les entrées et les sorties du palais, dirigeait la police, et devait faire un rapport quotidien au roi en compagnie du « ministre des Finances », c'est-à-dire du chef du Trésor. En outre, il devait contrôler les différents bureaux et surveiller les hauts fonctionnaires afin d'éviter les abus. Il faisait parvenir ses ordres dans toute l'Égypte grâce à un corps de « messagers » qui étaient de véritables « chargés de mission ». Il pouvait aussi s'occuper des grandes expéditions dans les mines et dans les carrières (sous le Nouvel Empire, les vizirs dirigeaient fréquemment les grandes constructions des temples). Le vizir était encore chargé du contrôle de la nécropole thébaine. Les ouvriers qui travaillaient dans la nécropole thébaine faisaient appel à lui dans les cas[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yvan KOENIG : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S, professeur à l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
Média
Autres références
-
VIZIR ou WAZĪR
- Écrit par Georges BOHAS
- 263 mots
L’étymologie du terme wazīr (vizir) est fort controversée. Si l’accent a longtemps été mis sur son origine pahlavi, c’est le caractère arabe du terme — wazīr, de la racine trilitère wzr — qui a ensuite retenu l’attention, le mot servant à désigner, de manière large et vague, « celui...