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TOKUGAWA IEYASU (1543-1616)

Homme d'État japonais. Petit-fils du daimyō Matsudaira Kiyoyasu qui avait conquis toute la province de Mikawa, Tokugawa Ieyasu fut envoyé comme otage, son père ayant été dépossédé de son fief, chez les Oda, puis chez les Imagawa, seigneurs de Shizuoka, dont il fut considéré comme le pupille. À la mort de Yoshimoto, son tuteur en titre, il s'émancipa et retourna en Mikawa, pour remembrer le fief de son grand-père. Il se fit vassal d'Oda Nobunaga, puis, s'alliant avec Takeda Shingen, daimyō de Kōfu, il anéantit avec lui le fief des Imagawa dont il garda la province de Tōtōmi. En 1570, il transféra son château à Hamamatsu ; à cette époque, il se fit appeler Tokugawa. Dès lors, il devait collaborer avec Oda Nobunaga pour pacifier le centre du Japon. Battu par Takeda Shingen, en 1572, il ne fut sauvé que par la mort prématurée de celui-ci. De 1575 à 1582, alliant ses forces à celles d'Oda Nobunaga, il conquit le fief des Takeda. À la mort de Nobunaga, son fief s'étendait des abords de Nagoya à la province de Suruga, et il occupait en outre celle de Kai. Mêlé au conflit concernant la succession de Nobunaga, il résista longtemps à Toyotomi Hideyoshi, mais, après lui avoir livré bataille sans succès décisif, en 1584, il préféra se reconnaître son vassal. Il participa loyalement aux campagnes de pacification de l'Est et du Nord, et accepta en 1590 le transfert de son fief dans le Kantō. En revanche, il ne prit aucune part dans les guerres entreprises par Hideyoshi avec la Corée. Se consacrant entièrement à la consolidation de son fief, il fit bâtir son château à Edo et, tout en se réservant son domaine propre, il distribua ses terres à ses vassaux les plus fidèles. Ainsi, lorsque Hideyoshi mourut en 1598, ne laissant qu'un tout jeune fils, Ieyasu se trouva en position de force, retranché dans le Kantō avec une armée aguerrie mais au repos depuis plusieurs années. Faisant partie du conseil de tutelle du jeune Toyotomi Hideyori, il sut manœuvrer si bien que ses rivaux ouvrirent les hostilités. Aussi fin diplomate que bon guerrier, il battit les fidèles des Toyotomi, à la bataille de Sekigahara, près de Nagoya, en 1600. Il était désormais maître du Japon : sans se presser, il accueillit l'hommage des daimyō, et se fit nommer shōgun en 1603 seulement. Il allait enfin pouvoir réorganiser le Japon, en vue d'une paix durable. Il distingua quatre catégories de daimyō : trois de ses fils devenaient fondateurs des familles cadettes des Tokugawa ; les autres membres issus de la lignée des Matsudaira constituaient la seconde catégorie ; les vassaux fidèles depuis plusieurs générations formaient la catégorie des fudai ; enfin, les daimyō alliés ou soumis à Ieyasu, mais ne lui devant pas leur fief, furent appelés tozama, « ceux du dehors ». Les tozama les plus puissants étaient installés surtout au nord, à l'ouest et au sud. Ieyasu répartit son propre domaine, les fiefs familiaux et ceux des fudai, de telle sorte que les grands marchés, les routes principales et les ports importants fussent gardés par ses fidèles. Il fit nommer shōgun son fils Hidetada en 1605 : ainsi, tout en se mettant à la retraite, il avait les mains plus libres pour gouverner et, en outre, il amorçait la formation de la branche aînée des Tokugawa, en vue de fonder sa dynastie.

En matière d'administration intérieure, il étendit l'œuvre de Toyotomi Hideyoshi. Ieyasu parvint à monopoliser une grande partie du commerce de Nagasaki : par le truchement des marchands qu'il privilégiait, il spécula sur le prix de la soie d'importation, accapara l'or et amassa une fortune immense. En politique extérieure, il n'eut en vue que le développement du commerce. En ce domaine, il réussit à évincer largement les daimyō. Sa politique à l'égard du christianisme fut plus hésitante. Il accueillit favorablement les missionnaires, jusqu'à sa[...]

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