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TOKUGAWA TSUNAYOSHI (1646-1709)

Homme d'État japonais. Cinquième shōgun de la dynastie des Tokugawa, quatrième fils de Iemitsu, Tokugawa Tsunayoshi était daimyō à Tatebayashi, lorsqu'il fut désigné pour succéder à son frère aîné Ietsuna qui mourut en 1680 sans laisser de fils. Au début de son gouvernement, il appliqua une politique d'économie, restreignant en particulier le commerce extérieur de Nagasaki. Cependant, fin lettré lui-même, il aimait le faste et, par ailleurs très pieux, il encouragea le culte bouddhique. Pour accroître son pouvoir personnel, il privilégia les officiers de son entourage, au détriment des droits des conseils ordinaires du bakufu. C'est ainsi qu'il parvint à imposer une politique au service de ses ambitions et de ses caprices. D'une part, il contribua au développement de la littérature et des beaux-arts. Mais, d'autre part, il s'attira la haine du peuple, par l'absurdité de certaines de ses décisions : par exemple, au nom de la piété bouddhique, il interdit tout meurtre d'animaux, même des bêtes malades ou des passereaux nuisibles pour les cultures. En outre, né une année du Chien, selon l'ancien calendrier, il exigea la vénération des chiens. Les prisons s'emplirent de paysans coupables d'avoir enfreint ces lois. Il ne fait pourtant pas de doute que le gouvernement de Tsunayoshi, que l'on appelle communément l'époque Genroku, fut probablement la période la plus brillante du règne des Tokugawa, qui vit l'apparition du haikai de Bashō, du théâtre de Chikamatsu, du roman de Saikaku, l'essor de l'estampe et de l'architecture seigneuriale. Dans la réalité, la dernière décennie du xviie siècle correspondait à une modification profonde des structures économiques. L'expansion démographique (probablement très forte à cette époque) touchait à sa fin. Le bakufu, délibérément optimiste, provoqua l'inflation en avilissant la monnaie, à partir de 1695, alors même que la pénurie des métaux (or, argent, cuivre) devenait évidente. Si les campagnes bénéficièrent de la pénétration de l'économie monétaire dans les régions les plus reculées, les circuits commerciaux souffrirent du désordre monétaire, dont le régime des Tokugawa ne devait jamais se remettre. L'artisanat (papier, céramique, cotonnades, soieries) se développa considérablement, mais les échanges se trouvèrent peu à peu saturés. Le gouvernement de Tsunayoshi, exécré par les humbles, reposait sur une fausse estimation des moyens dont disposait le bakufu, et les réformes de Arai Hakuseki, de 1709 à 1716, ne suffirent pas à redresser la situation économique qui se dégrada tout au long du xviiie siècle.

— Paul AKAMATSU

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