TŌKYŌ
Tōkyō fascine, Tōkyō repousse. À l'image du Japon dont elle est la capitale, cette ville impressionne par ses densités, sa concentration d’hommes et de fonctions, son mélange de futurisme et de désuétude, son mouvement incessant de constructions et de destructions.
Considérée comme l'une des trois grandes métropoles mondiales de la Triade aux côtés de New York et de Londres, elle symbolise les excès frénétiques du capitalisme post-industriel et financier, avec ses propres caractéristiques. Le capital étranger y est moins présent que chez ses homologues. Même si le secteur tertiaire y est extrêmement important, elle est au centre d’une région manufacturière, la première du Japon qui, lui-même, est l'une des plus importantes puissances industrielles mondiales.
L'urbanisation de Tōkyō obéit largement aux lois de la rente foncière, selon un schéma complexe entre acteurs publics et privés qui produit un paysage distinct des métropoles américaines ou européennes. Loin d'être un chaos, la ville hérite d'une histoire et d'une géographie urbanistiques originales.
Dans un Japon pourtant démocratique, Tōkyō apparaît parfois comme tyrannique, tant les élites qui y siègent semblent dominer l'ensemble du pays de façon centralisée et autoritaire, tant la cité donne le ton aux modes ou aux innovations diffusées en province. Capitale politique puis capitale économique, elle incarne le dynamisme mais aussi les contradictions du capitalisme d'État japonais.
Les périmètres de la plus grande ville du monde
Avec plus d'une trentaine de millions d'habitants, Tōkyō est la plus vaste et la plus peuplée des agglomérations du monde. Au milieu du xviie siècle, elle se classait déjà au troisième rang. À la fin des années 1970, elle est la première à dépasser les vingt millions d’habitants.
Ces constats dépendent toutefois des critères retenus. Or la définition et le périmètre de Tōkyō varient. La ville de Tōkyō n’existe pas au sens administratif du terme, en tant que commune urbaine (shi) juridiquement reconnue. Par commodité conventionnelle, cette appellation correspond aux vingt-trois arrondissements (ku), qui comprennent 9,272 millions d'habitants en 2015 sur 622 kilomètres carrés, soit une superficie six fois plus grande et une population quatre fois plus nombreuse qu'à Paris. Ajouté à quarante et une communes, l’ensemble constitue le département de Tōkyō (Tōkyō-to).
Sorte de rectangle très allongé, le Tōkyō-to couvre une surface comparable à la Région Île-de-France, mais avec une densité sept fois plus importante. Il comprend également des régions montagneuses vers l'ouest, dont le Kumotori-yama qui culmine à 2 018 mètres d'altitude, ainsi que des îles peu peuplées et parfois très éloignées vers le sud. Fonder exclusivement l'analyse statistique sur ce module départemental hétérogène serait trompeur. Il est donc plus pertinent d'utiliser d'autres échelles et d'autres périmètres.
L'« aire tōkyōte » (Tōkyō-ken), définie par le secrétariat d'État au Territoire, regroupe ainsi de façon théorique les quatre départements (ken) voisins du Tōkyō-to, soit un quart de la population japonaise sur moins de 4 p. 100 de la surface totale du pays. En y ajoutant quatre autres départements environnants, se dessine l’« aire capitulaire » (shuto-ken). La sphère de cinquante kilomètres de rayon constitue la « mégapole tōkyōte » (Tōkyōdaitoshiken), alias le « Grand Tōkyō », soit 33,394 millions d'habitants en 2015. Elle correspond globalement à la sphère des navetteurs vers les vingt-trois arrondissements.
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Écrit par
- Philippe PELLETIER : professeur des Universités
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