TŌKYŌ
La rénovation du centre tōkyōte
La récente rénovation urbaine de Tōkyō est guidée par deux grandes politiques dites de « renaissance urbaine » (toshisaisei) : 1986 sous le gouvernement Nakasone, 2002 sous le gouvernement Koizumi.
Elles ont en commun les dérégulations urbanistiques (engagées en 1982), un partenariat entre pouvoirs publics et secteur privé (politique dite de Minkatsu, « Activation du secteur privé »). Celle de 2002, qui suit le dégonflement de la bulle spéculative, encourage une maximisation de l’usage du foncier, symbolisée par l’autorisation de la titrisation immobilière en 1999, ainsi qu’une plus forte participation des capitaux étrangers. Elle permet le transfert du coefficient d’occupation du sol d’une parcelle sous-employée à une autre, même si celle-ci n’est pas adjacente, et même si le propriétaire est différent.
Outre des incitations fiscales, elle encourage le secteur privé à mener ses propres planifications urbaines. Elle introduit deux zonages spécifiques à la réglementation légèrement différente qui totalisent 2 760 ha en 2014, notamment dans les quartiers centraux et sur la baie, avec 131 projets de rénovation. Cent trente-sept tours hautes de plus de 150 mètres sont construites entre 2000 et 2012. De façon générale, le bâti s’élève.
La rénovation urbaine touche d’abord les quartiers péricentraux avec des opérations de prestige (Roppongi Ark Hills, Ōkawabata River City 21). Le démantèlement de la JNR (Japan National Railways) en 1987 libère des terrains, dont l'ancienne gare de triage proche de Shiodome, transformée en quartier d'affaires. Les bureaux du TMG déménagent à Shinjuku en 1991, dans un gratte-ciel dessiné par l'architecte emblématique du pouvoir, Tange Kenzō (1913-2005). Pendant la Bulle sont réalisés de nombreux bâtiments avant-gardistes relevant de l'architecture postmoderne. Les architectes étrangers se bousculent à Tōkyō, pensant que tout y est possible.
À la suite de l'éclatement de la Bulle, le TMG revoit l'aménagement du sous-centre du bord de mer (Rinkaifukutoshin, RFT) prévu sur le terre-plein de 448 hectares qu'il possède dans le port de Tōkyō. À la place des bureaux sont construits, en partenariat avec le secteur privé, des logements et, surtout, des espaces de commerce et de loisirs, désormais très fréquentés par la jeunesse tōkyōte grâce à de nouvelles infrastructures de transport.
La relance du RFT participe de la redensification démographique des quartiers péricentraux et de la reconquête architecturale du front de mer (wōtâfuronto, de l'anglais waterfront). Les modalités de l'opération sont les mêmes que dans les autres pays développés (rénovation de friches industrielles, participation du secteur privé, rôle des allées commerciales, gentrification), mais également propres à Tōkyō (constructions ex nihilo sur terre-plein, combinaison des transports ferroviaires et automobiles, action du secteur public, logement des classes moyennes, maintien de couches populaires).
Le réaménagement de l'hypercentre tōkyōte – le quartier Ōtemachi-Marunouchi-Yūraku-chō (abrégé en Daimaruyū) – autour de la gare centrale de Tōkyō constitue un enjeu important depuis le milieu des années 1980. La compétition est très forte entre les deux principaux acteurs concernés, Mitsubishi Jisho, qui y possède 40 p. 100 des 120 ha, et les pouvoirs publics, eux-mêmes dédoublés entre le TMG et l'État central. Mitsubishi Jisho y réalise finalement son projet ABLE City (ABLE : Amenity Business Life Environment) avec onze tours sur le principe de l’eco-compact city appliquant notamment les nouvelles normes en économie d’énergie. Sont accueillis non seulement des
bureaux, mais aussi des commerces, ce qui constitue l’une des nouveautés par rapport au projet avorté de Manhattan 21 envisagé en 1986. Mitsui[...]
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Écrit par
- Philippe PELLETIER : professeur des Universités
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