TOM JONES, Henry Fielding Fiche de lecture
Après avoir publié de nombreuses pièces de théâtre dont la meilleure est sans doute Tom Thumb (1730), Henry Fielding (1707-1754) écrit un roman satirique dirigé contre l'homme d'État Robert Walpole, La Vie de Jonathan Wild le grand (1743), et collabore à plusieurs journaux dont le Jacobite Journal. Soutenu par Jonathan Swift, Fielding s'oppose violemment à l'esthétique sentimentaliste de Samuel Richardson (1689-1761), qu'il juge hypocrite et outrée. En 1741, il publie An Apology for the Life of Mrs. Shamela Andrews, puis History of the Adventures of Joseph Andrews (1742), deux pastiches où il ridiculise Pamela, ou la Vertu récompensée (1740), le fameux roman de Richardson publié sous forme épistolaire. Menant de front une carrière d'avocat puis de magistrat, Fielding, très affecté par la mort de sa première femme, Charlotte Cradock qui servira de modèle à la Sophie de Tom Jones, travaille à son œuvre maîtresse : Tom Jones, publié en 1749. Se considérant comme « le fondateur d'un nouvel empire littéraire », ce maître de « l'épopée comique en prose » décide d'abandonner la parodie cinglante pour le roman réaliste dont il est l'initiateur en Angleterre. Si History of the Adventures of Joseph Andrews voulait être un miroir de son époque en même temps qu'un pastiche, Tom Jones se présente comme le roman de la nature humaine.
Le triomphe de la bonté
Fils adoptif de Mister Allworthy, un riche philanthrope, Tom Jones a été élevé avec le neveu de celui-ci, Blifil, âme hypocrite et vénale. Tom est l'élu de cœur de la belle Sophie, que Blifil voudrait bien conquérir. Or Tom est en fait épris de Molly Seagrim, la fille d'un garde-chasse qu'il veut épouser. Mais après qu'il s'est aperçu que Molly n'est inspirée que par le démon de la coquetterie, Tom devient sensible à l'amour de Sophie. Soutenu par la tante de Sophie, Blifil calomnie Tom et parvient à le faire chasser par Allworthy. Obligé de mener une vie errante en compagnie d'un maître d'école nommé Partridge, Tom va de tribulations en surprises. Sophie ne l'a pas oublié et, après avoir envoyé de l'argent à Tom, elle n'hésite pas à quitter le toit paternel. Un jour, elle entre dans une auberge où se trouve celui qu'elle aime. Mais Tom y conte fleurette à Miss Waters, une aventurière qu'il vient de sauver des brigands. Sophie s'enfuit en oubliant son mouchoir, unique trace de sa fugitive présence et de son désespoir. Dès lors, l'intrigue se complique : Sophie demande asile à lady Bellaston, une cousine qui s'ingénie à lui faire épouser un certain lord Fellamar, gentilhomme aux mœurs plus que légères. Tom, s'étant mis à la recherche de Sophie, rencontre lady Bellaston et ne résiste pas à l'envie de lui faire la cour. Il finit par obtenir un rendez-vous nocturne et, nouveau rebondissement, trouve Sophie à la place de lady Bellaston qui arrive un peu plus tard– d'où une suite de scènes typiques de l'humour de Fielding. Mais, pour avoir blessé quelqu'un alors qu'il était en état de légitime défense, Tom Jones est jeté en prison. Dépité et abandonné, il finira cependant par contrarier l'acharnement du destin : on découvre qu'il est le fils illégitime de la sœur d'Allworthy. Mais l'ignoble Blifil avait intercepté la lettre que celle-ci avait écrite à son frère juste avant de mourir. Tom devient finalement l'héritier d'Allworthy et peut épouser Sophie : « Pour en finir, non seulement on ne pourrait trouver un homme et une femme plus estimables que cet amoureux couple, mais on n'en saurait imaginer de plus heureux. » Fielding, qui fonde sa morale sur la bonté naturelle du cœur, aime ces fins édifiantes.
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Écrit par
- Claude-Henry du BORD
: professeur d'histoire de la philosophie, critique littéraire à
Études , poète et traducteur
Classification
Autres références
-
FIELDING HENRY (1707-1754)
- Écrit par Alexandre MAUROCORDATO
- 2 016 mots
L'œuvre suivante, Tom Jones, est la seule qui soit, grâce au cinéma, connue en France du grand public. C'est aussi le plus achevé des romans de Fielding. Il raconte les aventures et les mésaventures d'un enfant trouvé, élevé par le riche Mr. Alworthy. Il s'entend mal avec ses deux maîtres, Thwackum...