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KAZANLUK TOMBEAU DE

En 1944, des terrassiers aménageant un abri de défense passive contre les raids aériens ont découvert, près de Kazanluk (Kazanlǎk) en Bulgarie, une tombe à peintures murales. Cette tombe, faisant face au sud sous un tumulus, est située au pied des Balkans, à mi-chemin entre Sofia et la mer Noire, dans ce bassin privilégié où tout mûrit et où fleurissent de célèbres roses. Le tumulus a 40 mètres de diamètre et 7 mètres de hauteur. Dans la tombe, pillée depuis longtemps, on ne retrouva aucune de ces poteries, de ces figurines ou de ces ornements de chars qui se rencontrent dans d'autres tumulus. La construction funéraire en pierre appareillée comporte trois pièces : une antichambre rectangulaire d'environ 4 mètres sur 3,50 mètres, ouverte sur le côté, un corridor de 2 mètres sur 1 mètre et la chambrette funéraire de plan circulaire d'environ 2,50 mètres de diamètre sur 3 mètres de hauteur, couverte par une coupole à lanterneau terminée par une dalle de granit. C'est sur cette coupole que se détachent deux couronnes de peintures murales ; la première est décorée par une course de chars dont les chevaux aux attitudes variées donnent à cet espace un jeu de lignes extrêmement riche. La couronne en bandeau est couverte d'une suite de scènes de la vie quotidienne, tels des repas à table servis par des servantes porteuses de plateaux garnis ou de coffrets. Ces peintures murales a tempera sont polychromes : y apparaissent du rouge vermillon, des pourpres d'hématite, des bruns terre de Sienne, des ocres jaunes, du blanc de calcium, du vert et des couleurs végétales noires et jaunes.

Le tumulus est attribué aux Thraces, Indo-Européens qui vivaient là depuis le ~ IIe millénaire : hellénisés par les premières colonies grecques de la mer Noire aux ~ viie et ~ vie siècles, conquis par les Perses au ~ ve siècle, et vassalisés au ~ ive siècle par Philippe II de Macédoine. C'est de cette dernière période, plus exactement du ~ ive-~ iiie siècle, que sont datées ces peintures murales, qui sont les seuls ensembles aussi remarquables dans tout ce territoire balkanique où furent ouverts pourtant un grand nombre de tumulus contenant des poteries, des figurines, des restes de chars à ornements de bronze, mais aucune peinture murale comparable. Considéré comme un chef-d'œuvre de l'époque hellénistique aux confins du monde grec, cet ensemble bénéficie d'une protection particulière, et sa restauration fait l'objet d'études poussées placées sous l'égide de l'U.N.E.S.C.O. (cf. Assen Vassiliev, The Ancient Tomb of Kazanluk, Sofia, 1960).

— Vadime ELISSEEFF

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

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