TOMBOUCTOU
Tombouctou est une ville du Mali située aux confins du Sahara (population en 2009 : 54 453 habitants). Dès le ve siècle, le Sahel, et particulièrement la « bosse de chameau » du fleuve Niger dont la boucle se dirige vers le nord avant de repartir au sud, furent un espace de commerce et d'urbanisation. Tombouctou en a toujours été la ville la plus célèbre (avec Djenné).
Une ville aux confins du Sahara
S'ouvrant sur le delta intérieur du Niger vers les espaces de culture et de production d'or, Tombouctou prit son essor au xiie siècle. Selon la légende, la ville se serait développée autour du puits d'une vieille femme touarègue nommée Bouktou (Tin Bouktou, « le lieu de Bouktou »).
À la limite des régions sédentaires au sud et des espaces nomades au nord, son emplacement idéal en fit rapidement un des points de départ ou d'arrivée du grand commerce transsaharien, dont les caravanes transportaient à travers le désert l'or et les esclaves d'Afrique en échange du sel et des produits manufacturés venus du nord. Des commerçants arabes s'y établirent très tôt, rejoints par des lettrés et des érudits qui firent la réputation de l'université de Sankoré, où étaient enseignées aussi bien la théologie et le droit coranique que les mathématiques ou la médecine, notamment la chirurgie.
Sous l'empire du Mali (xiiie-xve siècles), puis l'empire Songhay ou Songhaï (xve-xvie siècles), la renommée de Tombouctou, due à sa prospérité et à son rayonnement culturel, s'étendait à l'Occident, qui en fit peu à peu un véritable mythe. Cependant, le commerce et la traite transatlantique, à partir du xve siècle, détournèrent progressivement les courants commerciaux vers les côtes du golfe de Guinée, et Tombouctou commença à décliner.
Au xixe siècle, Tombouctou n'était plus qu'une cité perdue dans les sables. Lorsque René Caillié, premier voyageur occidental qui réussit à aller et surtout à revenir de la ville fermée aux chrétiens, la décrivit en 1829, il évoqua un « amas de maisons en terre, mal construites » dans « des plaines immenses de sable mouvant [...] de la plus grande aridité ».
Peuplée de Touaregs, d'Arabes et de populations du Sud, Tombouctou resta néanmoins un lieu touristique important visité par des milliers de voyageurs, jusqu'à ce que les rébellions touarègues et la présence d'Al-Qaida au Maghreb islamique, au début du xxie siècle, en fassent de nouveau une ville interdite.
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Écrit par
- Pierre BOILLEY : professeur d'histoire contemporaine de l'Afrique, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur du C.E.M.A.F. (Centre d'études des mondes africains, U.M.R. 8171)
- Éric HUYSECOM : professeur, directeur du Laboratoire archéologie et peuplement de l'Afrique de l'université de Genève
Classification
Médias
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