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LANDOLFI TOMMASO (1908-1979)

Né dans le Latium, à Pico Farnese, Tommaso Landolfi y fit, jusqu'à la fin de sa vie, de longs séjours, dans une grande et vieille maison à demi déserte qu'il y possédait et qui, sous mille formes diverses, reparaît fréquemment dans ses livres.

On ne sait que peu de chose de ses années de formation, de son enfance, sinon qu'il perdit sa mère à l'âge d'un an et demi et que, très jeune, il fut mis en pension au fameux collège Cicognini de Prato où D'Annunzio, entre autres, avait fait ses études. De ces premières années, de ses relations difficiles avec un père à la fois révéré et redouté, il n'a que rarement parlé en clair, mais il n'est pas douteux que l'univers troublé de ses récits soit en rapport étroit avec le climat affectif de cette enfance (Ombre, 1954, en porte clairement trace). Lecteur vorace et peu conformiste, Landolfi unissait dans une même admiration Dante, Leopardi et D'Annunzio, mais aussi, et de façon plus insolite à l'époque, les écrivains allemands, français et russes dont il fut, d'autre part, un traducteur remarquable. C'est d'ailleurs principalement dans les auteurs du xixe siècle que Landolfi, peu soucieux de modernité, se retrouvait le plus volontiers ; ainsi, les grands romantiques allemands, Baudelaire et Poe, Gogol et Pouchkine, mais aussi Sade, Lautréamont et Kafka constituent pour lui une constellation privilégiée. « Rat de bibliothèques et pilier de tripots » – c'est en ces termes qu'il s'est lui-même défini –, le jeu qui le menait régulièrement à San Remo fut aussi pour lui une passion constante, dévorante, et, à vrai dire, beaucoup plus encore un mode de vie, dont l'enjeu final était évidemment la mort. À travers le pastiche et l'ironie, sa « Lettre d'un romantique sur le jeu » (La Spada) en dit long sur ce point.

De quelques mois plus jeune que Buzzati et Moravia, du même âge que Vittorini et que Pavese, Landolfi n'a pas grand-chose en commun avec eux. Seul Eugenio Montale lui fut vraiment proche. Dès son premier livre, Dialogo dei massimi sistemi (Dialogue sur les grands systèmes, 1937), son originalité était évidente ; son œuvre est toutefois longtemps demeurée confidentielle, en dehors du petit cercle d'écrivains qui, comme lui, collaboraient aux revues florentines d'avant-garde. Dans ces récits ou nouvelles peuplés de personnages bizarres, hallucinés, hantés de passions troubles, l'humour le plus noir, la dérision et le sarcasme alternent avec l'évocation de scènes d'angoisse, souvent liées à des animaux, qui peupleront les livres futurs de Landolfi de leur présence inquiétante, voire répugnante. Par la suite, on retrouvera cette présence du règne animal, à la fois familier et porteur de cauchemars, par exemple dans La Pietra lunare (Pierre de lune, 1939), l'un de ses romans les plus justement célèbres, qui raconte les amours fugitives d'un jeune homme avec une femme-chèvre, faunesse tendre et insaisissable, ou encore dans Il Mar delle blatte (La Mer des blattes, 1939), dont le ton onirique est infiniment plus proche de Kafka que celui d'un Buzzati par exemple.

Capable de passer des récits cruels, d'un sadisme raffiné, de La Spada (L'Épée, 1942) à une forme de science-fiction qui rappelle autant Jules Verne que Lautréamont (Cancroregina, 1950), il a donné avec Le Due Zittelle (Les Deux Vieilles Filles, 1945) un chef-d'œuvre subtilement dérangeant, qui met en scène les aventures et la mort tragique d'un singe, chéri par deux vieilles filles, qui s'introduit nuitamment dans un couvent et y mime la messe. Le récit commencé à la manière d'une nouvelle de province, s'achève dans le grotesque et l'horreur avec le sacrifice du singe. Quant à La Moglie di Gogol (La Femme de Gogol, 1954), ce surprenant récit[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Autres références

  • ITALIE - Langue et littérature

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    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...pleinement à la littérature fantastique et à l’un de ses principaux représentants, Franz Kafka. Un autre représentant de la littérature fantastique est Tommaso Landolfi. Florentin, proche des poètes hermétiques, il publie en 1937 Dialogo dei massimisistemi, où le fantastique se mêle à l’ironie et au...