TONDO
Mot italien signifiant « forme ronde » et désignant un tableau de forme circulaire très en vogue au xve siècle en Italie. Le tondo est généralement constitué par un panneau de bois entouré d'un cadre d'assez large dimension qui évoque les guirlandes « à l'antique » entourant la même forme circulaire en sculpture : peinture de la Vierge du Magnificat de Botticelli (1485 env., Offices, Florence) et sculpture de la Vierge à l'Enfant d'Antonio Rossellino pour la tombe du cardinal de Portugal à San Miniato al Monte, à Florence (1460-1466 env.). Le genre est annoncé par la sculpture de figures placées dans un oculus, comme dans les nombreux monuments funéraires d'humanistes, à Florence surtout.
Avec le tondo, la Renaissance reprend à son compte un type antique qu'elle redécouvre parmi les plus vieux monuments romains, qu'il s'agisse de l'oculus ou du clipeus des sarcophages païens et paléo-chrétiens ou encore des portraits des stèles funéraires, comme la stèle du musée régional d'Alba Julia. Dans la peinture romaine, les exemples de portraits ou de représentations mythologiques sous forme circulaire abondent (mosaïques, peintures sur verre, etc.). Dans l'art byzantin, la figure en clipeus, parfois insérée comme motif décoratif dans les frises de feuillage, est peinte sur les iconostases et sur les piliers au revers des arcs ou sculptée dans les ivoires. Le motif apparaît au Moyen Âge dans les fresques (Berzé-la-Ville), dans les manuscrits, où la petite vignette ronde (bible moralisée de la Bibliothèque nationale, Paris, ms. lat. 11560, env. 1250) accompagne la représentation en oculus ou en mandorle ramenée à la double forme circulaire. La Renaissance italienne a donc hérité d'une double tradition de même origine antique.
Le tondo aura des destinées bien différentes. Tantôt il sera associé à de grands et lourds encadrements décoratifs de plafonds ou soffites, dès la seconde moitié du xvie siècle (salle des Quatre Portes du palais ducal à Venise, 1574-1581, où se rencontrent les motifs ronds et ornés), tantôt il réapparaît sous la forme d'un tableau amovible destiné à accueillir des sujets mythologiques et des portraits, le plus souvent féminins, surtout au xviiie siècle, pratique qui n'est pas sans rapport avec la mode des miniatures et des camées portatifs.
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Écrit par
- Jean RUDEL : agrégé de l'Université, docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, peintre et écrivain
Classification
Médias
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