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SAILER TONI (1935-2009)

Toni Sailer - crédits : Bettmann/ Getty Images

Toni Sailer

À l'issue d'une carrière expresse ponctuée par un fabuleux triptyque aux jeux Olympiques d'hiver de Cortina d'Ampezzo en 1956, « Toni » Sailer est devenu une légende du ski alpin et un héros national pour l'Autriche. Le style novateur de ce glisseur hors pair, alliant élégance et risque, et son triple triomphe ont ouvert la voie à plusieurs générations de champions, au premier rang desquels Jean-Claude Killy, qui rééditera l'exploit de l'Autrichien aux Jeux de Grenoble en 1968. En 1999, Sailer a été élu « sportif autrichien du xxe siècle ».

Anton Engelbert Sailer, fils d'un ferblantier, est né le 17 novembre 1935 à Kitzbühel. Il chausse ses premières spatules à l'âge de deux ans. Adolescent, il dévale les pentes de la célèbre station de manière quasi instinctive. Son ski se veut dynamique, il semble se jouer du relief et met déjà au point la méthode flexion-extension qui deviendra sa griffe et lui permettra de dominer avec aisance des concurrents à la technique par comparaison besogneuse.

En 1955, Toni Sailer intègre l'équipe nationale. Cette année-là, sur la terrible piste du Lauberhorn de Wengen, en Suisse, ce Tyrolien charmeur et insouciant remporte la descente : tous ses coéquipiers sont impressionnés. Dès lors, rien n'arrêtera la marche en avant de ce champion athlétique – il courait le 100 mètres en 11 secondes – à la personnalité hors du commun.

En six jours, du 29 janvier au 3 février 1956, Toni Sailer va entrer dans la légende. À l'époque, en ski alpin, il semblait difficile de briller à la fois dans la discipline de vitesse (la descente) et dans les épreuves techniques (slalom spécial et slalom géant). Pourtant, l'« Éclair noir de Kitz », comme on le surnomme, ambitionne de s'adjuger les trois épreuves aux Jeux de Cortina d'Ampezzo. Le 29 janvier, sur la piste piégeuse d'Ilio-Colli, il terrasse ses compatriotes Anderl Molterer (deuxième à 6,2 s) et Walter Schuster (troisième à 7,1 s) dans le slalom géant. Le 31, sur la piste du col Druscie, Toni Sailer remporte un slalom spécial marathon qui dure près de 5 heures (108 concurrents y participent). À l'issue de la première manche, Sailer est en tête, devant le Français Adrien Duvillard. Commence alors une attente de 3 heures, sous un ciel assombri et quelques flocons, laquelle met les nerfs des skieurs à rude épreuve. Duvillard, comme tous les favoris, ne résistera pas à cette pression : il tombe quatre fois dans la seconde manche. Sailer, lui, réussit un parcours d'une étonnante maîtrise, comme l'écrit Michel Clare dans L'Équipe : « Entre le risque et la sûreté, il fallait choisir, et Sailer a gagné parce qu'il a su tenir cette ligne où le risque et la sûreté se rejoignent pour s'abolir. » Son dauphin, le surprenant Japonais Chiharu Igaya, se voit rejeté à 4 secondes. Le 3 février, sur la redoutable piste de la Tofana – Jean-Claude Killy s'y brisera la jambe en 1962 –, mal préparée, le départ de la descente est donné alors que le thermomètre affiche – 23 0C. Dans ces rudes conditions, les chutes se multiplient – dix concurrents seront évacués vers l'hôpital. Un quart d'heure avant d'affronter la pente, Sailer réalise qu'une des lanières qui fixent la chaussure au ski s'est rompue ; l'entraîneur de l'équipe italienne, Hansl Senger, lui en prête une. Malgré cette réparation de fortune, il s'élance et prend tous les risques. Il manque de tomber, mais rétablit la situation et s'impose nettement, devant le Suisse Raymond Fellay (à 3,5 s).

Libérée des forces d'occupation alliées en juillet 1955, l'Autriche n'a recouvré sa pleine indépendance que depuis quelques mois et se cherche des héros. Son triple triomphe olympique fait derechef de Toni Sailer une idole pour la jeunesse[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Autres références

  • CORTINA D'AMPEZZO (JEUX OLYMPIQUES DE) [1956] - Chronologie

    • Écrit par
    • 1 778 mots
    Sur la piste piégeuse d'Ilio-Colli, le jeune Autrichien de Kitzbühel « Toni » Sailer (vingt et un ans) remporte le slalom géant en dominant de toute sa classe ses compatriotes : Anderl Molterer est deuxième à 6,2 s, Walter Schuster troisième à 7,1 s.
  • CORTINA D'AMPEZZO (JEUX OLYMPIQUES DE) [1956] - Contexte, organisation, bilan

    • Écrit par
    • 916 mots

    Le 9 juin 1939, Cortina d'Ampezzo avait été désignée ville d'accueil des Jeux d'hiver de 1944, lesquels seront bien sûr annulés. La cité des Dolomites se trouve de nouveau en lice quand le C.I.O. tient sa quarante-troisième session, à Rome, du 24 au 30 avril 1949, l'ordre du jour étant consacré à l'élection...