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CRAGG TONY (1949- )

Artiste britannique. Au début des années 1980, le mouvement de la Nouvelle Sculpture anglaise naît autour de l'œuvre de six ou sept artistes, dont Richard Deacon, Anish Kapoor, David Mach, Bill Woodrow et Boyd Webb, qui ont reçu le même type d'enseignement, à la St. Martin's School of Art de Londres. Tony Cragg, qui fait également partie de ce courant, est diplômé de la Wimbledon School of Art (1970-1973), et a également fréquenté le Royal College of Art (1973-1977). Il sera le premier à se faire remarquer, lors d'une exposition à la Whitechapel Art Gallery, en février 1981.

Né le 9 avril 1949 à Liverpool, l'artiste se taillera une réputation d'observateur lucide de son pays en allant vivre à Wuppertal en Allemagne, dès 1977, puis en choisissant, l'année suivante, d'enseigner à la Kunstakademie de Düsseldorf. Le meilleur exemple de ce point de vue (de l')étranger est fourni par la monumentale sculpture Britain Seen from the North (1981, Tate Gallery, Londres), qui est le fleuron des œuvres présentées à la Whitechapel Art Gallery.

Comme les autres représentants de la Nouvelle Sculpture anglaise, Cragg s'est d'abord penché sur les matériaux les plus ordinaires, qu'il soumet à des traitements propres à les transformer en objets, et en œuvres insolites. C'est ainsi qu'il se met à fabriquer des mosaïques murales, qui s'apparentent à des puzzles. Il procède en récupérant des détritus de matière plastique, qu'il trie et classe pour les rassembler ensuite en fonction de leur contour, de leur couleur et de leurs capacités d'imbrication. Il obtient de la sorte des portraits sous forme de silhouettes de personnages ou d'objets (Palette, 1985), réunis par des harmonies chromatiques assez vives et aux contrastes bien marqués.

Ces œuvres peuvent atteindre des dimensions impressionnantes, telle Menschenmenge (Foule, 1984), immense frise qui met en scène une trentaine de personnages bigarrés. Composée d'une quantité invraisemblable de bouts de plastique multicolores, elle était si complexe qu'il fallut plus d'une semaine pour la coller sur un mur. Cragg aime à jouer sur la taille de ses sculptures. Le gigantisme de Menschenmenge (2 m × 13 m) correspond aux surdimensions de The Complete Omnivore (1993, 1,6 m × 2 m × 2 m), ou encore à la transposition en modèle réduit de trois immeubles (Three Modern Buildings, 1983), le plus élevé atteignant 3,5 m – tant il est vrai qu'on représente d'ordinaire un éléphant plus petit que nature et un pou plutôt plus grand. Voilà pourquoi ses œuvres éveillent en général la curiosité d'un public intrigué par l'usage que l'artiste fait de la trivialité, sa façon de recycler le caput mortuum, les restes de la société de consommation. « Je tente, explique-t-il, de placer l'objet sous l'angle d'une nouvelle évaluation, de manière à vraiment comprendre le comment et le pourquoi de la production. » C'est ce que l'artiste exprime encore, sur un ton plus lyrique, lorsqu'il déclare que « les débris de la civilisation déposent des couches qui, les unes après les autres, constituent le terreau fertile sur lequel germera l'avenir ».

Avant d'être verticales, les sculptures-fresques de Cragg avaient adopté l'horizontalité. Il empile divers débris de matériaux variés pour constituer Stack (1975, Tate Gallery, Londres), puis en 1978, toujours à l'aide de débris colorés, imagine une pièce composite ordonnée à même le sol, qui, sous le titre anagrammatique New Stones-Newton's Tones, évoque l'opération par laquelle, en 1672, Isaac Newton réussit à décomposer la lumière solaire à travers un prisme, matérialisant pour la première fois le spectre solaire.

Les principales options figuratives chez Cragg s'organisent autour de la[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, écrivain
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Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Sculpture

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    • 4 médias
    ...Breakdown, 1969) ou en combinant de manière grotesque des éléments disparates généralement issus de la culture populaire (Elephant, 1984, coll. privée).Si Tony Cragg (né en 1949) se rapproche de cet esprit critique à l'égard de la société de consommation, ses œuvres, largement reconnues, paraissent cependant...
  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

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    ...Selon une logique plus esthétique, mais avec ironie, certains créateurs détournent des objets réels dans leur propre création plastique. L’Anglais Tony Cragg rassemble des objets de rebut qu’il transforme – New Stones, 1979 –, son compatriote Bill Woodrow figure un Elephant (1984) en assemblant...