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ESTANGUET TONY (1978- )

Canoéiste français, spécialiste du slalom. Tony Estanguet fut désigné porte-drapeau de la délégation française aux jeux Olympiques de Pékin en 2008, en raison de ses succès sportifs, mais aussi pour ses qualités humaines : « gendre idéal du sport français », selon la formule de Philippe Bana, directeur technique national du handball qui contribua à sa nomination aux dépens de l'escrimeuse Laura Flessel, Tony Estanguet est en effet un champion consensuel, un homme fiable, réfléchi, discret. Malgré son échec olympique à Pékin (élimination en demi-finale), Tony Estanguet n'a jamais mis en avant cette responsabilité – n'oublions pas que le relais de la flamme olympique à Paris avait été plus que perturbé par les militants des droits de l'homme – pour justifier sa contre-performance. Au contraire : « Être porte-drapeau m'a offert plus qu'un triplé olympique. [...] Ce fut vibrant, palpitant, émouvant, généreux, individuel et collectif, et, surtout, humaniste, empreint de respect, de solidarité, de fair-play, de fraternité... », déclarera-t-il après avoir analysé son échec sportif.

Tony Estanguet est né le 6 mai 1978 à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Il s'initie au canoë-kayak de rivière dès l'âge de sept ans, dans le sillage de son père, Henri, ancien kayakiste de descente, en compagnie de son frère aîné de six ans, Patrice, qui sera médaillé de bronze en canoë monoplace (C1) aux jeux Olympiques d'Atlanta en 1996. Il débute par le kayak, parcourant les méandres tortueux de la rivière Noguera, à Sort, dans les Pyrénées espagnoles. Il apprend là, notamment, la technique de l'esquimautage (la figure qui permet de remettre à flot une embarcation qui s'est retournée). À treize ans, Patrice lui propose de délaisser le kayak pour le canoë, un bateau plus instable qui demande d'être toujours dans le rythme de l'eau. Avec les conseils de son frère, il progresse rapidement et participe aux Championnats du monde dès 1997. L'année suivante, aux Championnats du monde de Seo de Urgel, Tony Estanguet se montre exceptionnel lors des qualifications, mais ne prend que la quatorzième place de la finale. Le premier tournant de sa carrière se produit sans doute là. En effet, un autre Français, Emmanuel Brugvin, devient champion du monde de C1 et se voit immédiatement sélectionné pour les jeux Olympiques de Sydney. Les frères Estanguet devront donc se disputer la seconde place réservée à la France. Ce duel fratricide permet au canoë de slalom de sortir brièvement du silence médiatique. À Foix, lors des sélections, Tony décroche sa place aux dépens de Patrice. Le 16 septembre 2000, sur le bassin de Penrith Lakes, Tony Estanguet maîtrise parfaitement la première manche et gère son avance sur son grand rival, le Slovaque Michal Martikán, dans la seconde. Couronné champion d'Europe avant les Jeux, il devient, à vingt-deux ans, champion olympique de slalom en C1.

Vainqueur de la Coupe du monde en 2003 et en 2004, Tony doit une nouvelle fois dominer Patrice lors des sélections françaises pour participer aux Jeux d'Athènes. « Ma course la plus difficile de l'année », indiquera-t-il après son second succès olympique. En effet, après visionnage par les juges de la course qui s'est déroulée sur le complexe d'Helliniko, il est déclaré champion olympique, de peu devant Michal Martikán (189,16 s contre 189,28 s), le Slovaque s'étant vu pénalisé de 2 secondes car il avait effleuré une porte.

En 2006, à Prague, il obtient le seul titre qui manquait à son palmarès, celui de champion du monde. Malgré ce succès, il décide, « pour changer de la routine qui guettait », de modifier la manière de piloter son canoë. Un pari osé qui va le pousser à remanier à cinq reprises la configuration de son embarcation, dans une sorte de quête éperdue du compromis[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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    ..., couronné chez les poids lourds. La natation française, dans le sillage de Yannick Agnel, présente un joli bilan (7 médailles, dont 4 en or), et Tony Estanguet, vainqueur de l’épreuve de slalom en canoë monoplace, devient le premier Français médaillé d’or dans trois éditions différentes des Jeux....
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