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TOOROP JOHANNES THEODORUS dit JAN (1858-1928)

<it>Fatalité</it>, J. Toorop - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Fatalité, J. Toorop

Peintre d'origine javanaise. Né d'un père hollandais qui était fonctionnaire et d'une mère de sang mêlé, Jan Toorop est arrivé en Hollande à l'âge de onze ans. Sa riche personnalité — il semblait, de son vivant, malaisé de parler de cet « artiste excessif et sincère » — a dominé un langage fluent, ondulant, brûlant, celui du désir : langage où la relation entre la forme du contenu et celle de l'expression se traduit en intensités graphiques, rythmiques, chromatiques (par exemple les affiches, Delftsche Slaolie, 1895 ; Het Hoogeland Beekbergen, 1896), où les flux colorés d'étrangetés extra-occidentales fondent une activité productrice d'images chargées de figures souples, minces, maigres, étirées (La Jeune Fille aux cygnes, lithographie, 1892) ; l'art paraît s'y accomplir sans autre finalité que lui-même, à moins que, modifiant la saisie directe pour emprunter quelque repère historique, nous ne soyons amenés à y découvrir une contribution majeure à l'élaboration d'un ensemble nouveau, le modern style. À ce titre, Jan Toorop est le « pendant » hollandais du symboliste belge Fernand Khnopff, son contemporain ; on peut considérer qu'il a introduit dans l'art hollandais un exotisme religieux de nature extatique, phénomène qui le singularise et l'isole de son compatriote Thorn Prikker, dont la contribution à la fois plus dramatique et plus sensuelle à l'art nouveau est tout aussi fondamentale. Comment rendre compte, au moins partiellement, de cette orientation sans évoquer les contacts que Toorop noua pendant sa formation à Delft (École polytechnique, 1879), à Amsterdam (Académie, 1880-1882), à Bruxelles (Académie des beaux-arts, classe de Jan Frans Portaels, 1882-1883) et, dès son affranchissement professionnel, avec Henri Degroux et Ensor, avec le milieu du groupe des XX à Bruxelles (où il expose à partir de 1885 : on lui découvre alors « une nature spiritualisée, complexe, toujours en quête de recherches nouvelles »), avec Verhaeren et Maeterlinck, avec l'idéologie de William Morris et le mouvement Arts and crafts découverts à Londres, où il séjourne en 1885-1886, ou à l'occasion de sa participation aux salons bruxellois de la Libre Esthétique ? Il assiste notamment au vernissage du salon inaugural, le 17 février 1894, et y rencontre ou retrouve Gauguin, Toulouse-Lautrec, Signac, Francis Jourdain, Vallotton, Eugène Carrière. Jusqu'à ce qu'il ait assimilé le système plastique à pulsions qui fit de lui l'un des plus brillants représentants de l'Art nouveau, Toorop avait surtout été marqué par la démarche néo-impressionniste et rationaliste de Seurat. Après sa conversion au catholicisme, en 1905, il traita surtout des thèmes religieux marqués par de puissants effets graphiques.

— Robert L. DELEVOY

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Écrit par

  • : directeur de l'École nationale supérieure d'architecture et des arts visuels, Bruxelles

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Média

<it>Fatalité</it>, J. Toorop - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Fatalité, J. Toorop