TOPOLOGIE Topologie algébrique
Les espaces fibrés
Fibrés localement triviaux
Soit ϕ : Y → B une application et soit F un espace topologique. Supposons que, pour tout point b de B, l'ensemble ϕ−1(b) soit homéomorphe à F ; on dit alors que ϕ : Y → B est un fibré de fibre F et de base B. L'ensemble ϕ−1(b) est appelé la fibre du point b.
Un exemple de cette situation est le cas où Y = F × B et où ϕ est la seconde projection du produit Y × B ; ce fibré est appelé le fibré trivial de fibre F et de base B.
Pour tout sous-espace B′ de B et pour tout fibré ϕ : Y → B de fibre F,
est encore un fibré de fibre F. On dit que ϕ : Y → B est un fibré localement trivial si chaque point b de B possède un voisinage U tel que :soit isomorphe au fibré trivial (c'est-à-dire tel qu'il puisse exister un homéomorphisme η : ϕ−1(U) → F × U tel que, pour tout point y de ϕ−1(U), le point ϕ(y) soit la seconde projection de η(y)).Citons deux exemples de fibrés localement triviaux.
1. Soit B une variété différentiable de dimension n et soit Y la variété de ses vecteurs tangents. En associant à tout vecteur tangent son point de contact, on peut définir un fibré ϕ : Y → B qui a pour fibre Rn ; il est localement trivial, car, pour tout ouvert de coordonnées U de B,
est isomorphe au fibré trivial.2. Soit G un groupe topologique et soit G′ un sous-groupe fermé. Notons ϕ l'application naturelle de G sur l'ensemble des classes à droite G/G′ ; c'est une fibration de fibre G′. Si G est un groupe de Lie et G′ un sous-groupe de Lie, ce fibré est localement trivial. Les groupes classiques (cf. groupes -Groupes classiques et géométrie) donnent de multiples exemples de cette construction ; par exemple, si on a G = SO(3) et G′ = SO(2), qui sont les groupes des rotations dans R3 et dans R2 respectivement, G/G′ est la sphère S2 et ϕ : G → G/G′ est l'application qui à g ∈ SO(3) associe l'image par g du vecteur (1, 0, 0) de R3.
Considérons maintenant un fibré localement trivial ϕ : Y → B de fibre F, deux ouverts B0 et B1 et soit deux trivialisations :
L'application η0 ∘ η1−1 de F × (B0 ∩ B1) dans lui-même commute avec la projection sur B0 ∩ B1 ; elle définit une application de B0 ∩ B1 dans le groupe des homéomorphismes de F et cette application est continue si on munit ce groupe d'une topologie appropriée. En général, on se donne un sous-groupe H de ce groupe d'homéomorphismes et des trivialisations ηi telles que les homéomorphismes de F donnés par les applications ηi ∘ ηj−1 soient dans H ; on dit alors que H est le groupe structural du fibré. Par exemple, le groupe structural du fibré des vecteurs tangents à une variété de dimension n est le groupe GL(n) des matrices réelles d'ordre n inversibles, puisque les applications ηi ∘ ηj−1 sont données par les différentielles des changements de cartes de la variété. Si la variété est orientable, ces différentielles ont toutes un déterminant positif ; donc le groupe structural est le sous-groupe GL+(n) de GL(n) formé des matrices à déterminant positif.
Dans le cas où la fibre est un groupe, il se peut que le groupe structural soit la fibre elle-même, opérant par translation à droite ; on dit alors qu'on a un fibré principal. C'est le cas du fibré ϕ : G → G/G′ ; c'est aussi le cas du revêtement universel de (X, x), le groupe structural étant alors le groupe discret π1(X, x).
La suite exacte d'homotopie d'un fibré
Choisissons un point y dans Y et posons ϕ(y) = b ; l'application :
et l'application d'inclusion :induisent sur les groupes d'homotopie des applications :un élément de πi(B, b) peut être représenté par une application η de (Di, Si−1) dans (B, b). On montre[...]La suite de cet article est accessible aux abonnés
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Écrit par
- Claude MORLET : professeur à l'université de Nancy
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