TOPOLOGIE Topologie algébrique
Faisceaux
La notion de faisceau fut introduite vers 1950 par J. Leray et H. Cartan pour formaliser un certain nombre de théorèmes de topologie algébrique. Vingt ans plus tard, elle jouait un rôle à peu près nul en topologie ; mais elle fait partie du langage naturel de la géométrie algébrique et de la géométrie analytique (cf. fonctions analytiques Fonctions analytiques de plusieurs variables complexes,géométrie algébrique).
La notion de faisceau
Considérons une application continue p : Y → X et, pour tout ouvert U de X, notons F U l'ensemble des sections de p au-dessus de U, c'est-à-dire l'ensemble des applications continues s : U → Y telles que p ∘ s soit l'application identique de U. Pour U′ ⊂ U, à tout élément s de F U on associe sa restriction s|U′ à U′ ; ce qui définit une application de F U dans F U′. Il est clair que les deux propriétés suivantes sont vérifiées.
a) Si U″ ⊂ U′ ⊂ U et si s est un élément de F U, on a :
b) Si U est la réunion des ouverts Ui, si, pour tout i, si est un élément de F Ui et si, pour tout couple (i, f ), on a :
alors il existe un élément s et un seul de F U tel que, pour tout i, on ait s|Ui = si (condition de recollement).On dit alors que les F U et les applications de restriction forment le faisceau des sections de p. Plus généralement, chaque fois que l'on se sera donné, pour tout ouvert U de X, un ensemble G U et, pour tout U′ contenu dans U, une application de G U dans G U′, que l'on appellera restriction, de façon que les propriétés a et b soit vérifiées, on dira que l'on a un faisceau G de base X.
Exemples
1. Soit p la seconde projection du produit A × X ; le faisceau des sections de p est encore appelé le faisceau des fonctions continues à valeurs dans A.
2. Soit X une variété différentiable et soit p la projection de l'espace tangent à X ; une section, au-dessus de U, du faisceau F associé à p est un champ de vecteurs défini sur U.
3. Les deux exemples précédents sont donnés comme des faisceaux de sections d'une application p à valeurs dans X ; il n'en est pas toujours ainsi. Associons, par exemple, à chaque ouvert U de la variété X l'ensemble ΩkU des formes différentielles de degré k définies sur U. On obtient le faisceau Ωk des formes différentielles de degré k sur la variété X.
En général, comme dans les exemples 2 et 3, les F U sont munis d'une structure algébrique (groupe, anneau, A-module, etc.) et les restrictions sont des homomorphismes de cette structure ; on dit alors que l'on a un faisceau de groupes, d'anneaux, de A-modules, etc.
Si F et G sont deux faisceaux de base X, un morphisme α de F dans G est la donnée, pour tout ouvert U de X, d'une application αU de F U dans G U, de telle façon que, chaque fois que U′ est contenu dans U et que f est un élément de F U, on a :
Par exemple, si à toute forme différentielle ω de degré k sur l'ouvert U de la variété X on associe sa différentielle, on obtient un morphisme du faisceau Ωk dans le faisceau Ωk+1. Si F et G sont des faisceaux de groupes (resp. d'anneaux, de A-modules, etc.), on impose aux αU d'être des homomorphismes de groupes (resp. d'anneaux, de A-modules, etc.) et on dit que α est un morphisme de faisceaux de groupes (resp. d'anneaux, de A-modules, etc.).
Exactitude
Soit F α→ G β→ H une suite d'homomorphismes de faisceaux de groupes (ou d'anneaux, ou de A-modules) de base X ; on dit que cette suite est exacte si :
a) Pour tout ouvert U de X, on a :
b) Pour tout élément g de G U tel que βU(g) = 0 et tout point x de U, il existe un voisinage U′ de x dans U et un élément f de U′ tel que :
Par exemple, pour toute variété X, la suite :
est exacte alors, car toute forme fermée est localement[...]La suite de cet article est accessible aux abonnés
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Écrit par
- Claude MORLET : professeur à l'université de Nancy
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Média