TORNADES ET TROMBES
Climatologie des tornades en France
La réalisation d’une climatologie des tornades est un exercice difficile. Même si, par endroits, il existe aujourd’hui des outils comme les radars à effet Doppler, les tornades sont souvent des phénomènes de petite taille, difficiles à détecter, et leur mise en évidence reste donc essentiellement fondée sur le constat des dégâts qu’elles ont produits. Ainsi, il n'existe pas de climatologie précise des tornades de niveau EF0 et EF1, de durée de vie très limitée et qui passent souvent inaperçues parce qu’elles font peu de dégâts. La confusion qui existe parfois entre tornades et microrafales sous orage renforce encore la difficulté, surtout dans le cas des situations anciennes pour lesquelles une analyse précise des traces d’impact n’a pas forcément été réalisée.
Il n’est pas non plus surprenant de constater que, dans les archives climatologiques, la fréquence des tornades est fortement corrélée à la densité de population et à l’utilisation des sols. Même des tornades parmi les plus violentes ont pu échapper aux recensements lorsqu’elles ont affecté des régions non agricoles ou à faible densité de population comme la forêt des Landes ou les régions montagneuses et qu’elles n’ont pas provoqué de victimes ou de dégâts ayant donné lieu à une déclaration de catastrophe naturelle ou à un remboursement par une compagnie d’assurance.
Par ailleurs, le classement selon l’échelle Fujita améliorée n’est pas toujours pertinent car il associe dégâts et force du vent, deux paramètres qui ne sont pas toujours exactement corrélés. À titre d’exemple, après avoir traversé une région sans grosse infrastructure, la tornade d’El Reno (Oklahoma) a été classée au niveau EF3 sur la constatation des dommages causés, alors que les vents mesurés atteignaient près de 486 km/h, égalant ainsi le record détenu depuis le 3 mai 1999 par la tornade de Bridge Creek–Moore.
En France, des bases de données rassemblant des informations sur les situations météorologiques ayant conduit à la formation de tornades et sur leurs conséquences ont été constituées par Météo-France, le service météorologique national de France, et par la société Keraunos, un bureau d’études spécialisé dans la prévision et la gestion des risques liés aux phénomènes orageux.
On estime ainsi qu’il se produit chaque année, sur l’ensemble du territoire, quarante à cinquante tornades dont la plupart (près de 95 p. 100) seraient de très faible (EF0) à faible (EF1) intensité. Les tornades dépassant le niveau EF1 (vents supérieurs à 178 km/h) sont beaucoup moins fréquentes. On compte en moyenne une tornade de niveau EF2 tous les six mois, EF3 tous les trois ou quatre ans, EF4 tous les vingt à trente ans et EF5 tous les cent ans.
Trois tornades de niveau EF4, avec des vents estimés à plus de 270 km/h, se sont produites en France depuis le début du xxe siècle :
– la première, le 24 juin 1967, à Pommereuil et à Fontaine-au-Bois, dans le département du Nord, a provoqué la mort de deux personnes et endommagé la quasi-totalité des habitations du secteur ;
– la deuxième, le 2 juin 1982, sur la commune de Leviers, dans le Doubs, a détruit cinq maisons et plusieurs bâtiments industriels ;
– la troisième, le 3 août 2008, à Hautmont dans le département du Nord, a rasé tout un quartier et provoqué trois décès, dix-huit blessés, et d’importants dégâts : maisons écroulées, voitures retournées, arbres arrachés.
Deux cas de tornades de niveau EF5, avec des vents estimés à plus de 320 km/h, ont été observés depuis le début du xixe siècle :
– le 19 août 1845, une telle tornade a dévasté la région de Montville, en Seine-Maritime, provoquant l'effondrement de plusieurs filatures, la mort de soixante-quinze personnes et un nombre considérable de blessés. C’est, à ce jour, la tornade[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre CHALON : ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts honoraire
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