- 1. Utilité politique du mythe romain
- 2. Le roman toscan : unité artistique de « pays » rivaux ?
- 3. Une « renaissance » avant la Renaissance ?
- 4. Artistes voyageurs
- 5. La Florence de Laurent le Magnifique
- 6. Comment la patrie de Michel-Ange devint le « salon de l'Europe »
- 7. « Retour à Florence » : collectionneurs et voyageurs passionnés
- 8. Florence, la ville contemporaine
- 9. Bibliographie
TOSCANE
Le roman toscan : unité artistique de « pays » rivaux ?
À l'époque romane, le jeu des rivalités entre des villes aussi prestigieuses, par exemple, que Pise ou Lucques, entre des villages d'autant plus fortement individualisés que seule une vallée les sépare, montre qu'il n'en était rien encore. Les évêchés, avant la mort de la comtesse Mathilde, dernière margrave de Toscane (1115), semblent tous potentiellement promis à un avenir illustre : Fiesole, Pistoia, Arezzo, Lucques, Volterra..., énumération qui évoque aujourd'hui autant de foyers culturels entrés, peu à peu, dans l'orbite de Florence – « planètes médicéennes » pour reprendre le nom que Galilée donna, au début du xviie siècle, aux satellites de Jupiter qu'il venait de découvrir.
Rivales en politique, rivales commerciales, les communes toscanes, et, en particulier, Florence, Sienne et Pise, se livrent en effet, dès le xie siècle, une guerre artistique qui prend la forme de l'émulation. S'organise, autour des murailles des cités, le contado rural, espace construit autour d'églises et de couvents : étapes pour les artistes attirés par les commandes décoratives, lieux de diffusion de l'art en même temps que de recueillement. La décoration de ces églises, avec leurs revêtements de marbre en bandes alternativement blanches et noires, dont la façade de la collégiale d'Empoli (après 1093) constitue l'un des exemples les plus harmonieux, laisserait croire, à travers les pays toscans, à une unité de style. Il n'en est rien : d'autres types architecturaux, inspirés d'exemples cisterciens notamment, comme à San Galgano, ou clunisiens, prouvent que la Toscane, y compris dans ses régions rurales, est traversée, déjà, par des courants d'ampleur européenne. Seulement, la formule décorative inventée à l'époque romane fut relayée par un gothique précoce.
L' église de San Miniato al Monte, de plan basilical, avec sa façade du xiie siècle, et son pendant, sur l'autre colline dominant Florence, la Badia de Fiesole, restent donc des exemples admirés mais qui firent peu école. Dans la ville même, la postérité du Baptistère, le Bel San Giovanni de Dante, qui passait pour construction romaine et fut copié comme antique, est en revanche plus complexe. Édifié probablement sur l'emplacement d'un ancien lieu de culte, consacré en 1059, il possède, lui aussi, cette tranquille harmonie géométrique des marbres alternés. À l'intérieur, la décoration de la coupole en mosaïque en fit, au long du xiiie siècle, le creuset où s'inventa – vraisemblablement avec l'impulsion initiale de maîtres venus de Venise – le premier style pictural toscan. Cimabue collabora à ce répertoire de scènes et de formes, dont l'influence se fait encore sentir chez Giotto.
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Écrit par
- Adrien GOETZ : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Michel ROUX : professeur émérite
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