- 1. Utilité politique du mythe romain
- 2. Le roman toscan : unité artistique de « pays » rivaux ?
- 3. Une « renaissance » avant la Renaissance ?
- 4. Artistes voyageurs
- 5. La Florence de Laurent le Magnifique
- 6. Comment la patrie de Michel-Ange devint le « salon de l'Europe »
- 7. « Retour à Florence » : collectionneurs et voyageurs passionnés
- 8. Florence, la ville contemporaine
- 9. Bibliographie
TOSCANE
Artistes voyageurs
Les grands chantiers dont se couvre la Toscane, en même temps qu'ils visent à créer des œuvres glorifiant la forte personnalité des centres municipaux – à Sienne, la cathédrale ne fut jamais achevée –, ont pour conséquence première les voyages constants des artistes attirés par les commandes : le dialogue, ainsi, dépasse souvent les collines toscanes. Giotto avait séjourné à Rome, à Assise, à Padoue où, en 1305, il décora la chapelle de l'Arena, à Naples. Le Siennois Matteo Giovannetti da Viterbo (vers 1300-1369 ?) décora le palais des Papes d'Avignon. Pétrarque, poète et humaniste, dont le Canzoniere constitua une constante source d'inspiration pour les artistes – il figure parmi les hommes illustres peints par Andrea del Castagno –, passa sa vie sur les routes d'Europe. À la fin du siècle, Gherardo Starnina – identifié avec le Maestro del Bambino vispo, élégant représentant à Florence du style Gothique international – travaille en Espagne, à Valence et à Tolède. Deux œuvres symbolisent enfin, plus tardivement, le dialogue de l'Italie avec le Nord : le célèbre portait des marchands lucquois Arnolfini de Jan Van Eyck (1434, National Gallery, Londres) et le retable commandé à Hugo Van der Goes par Tommaso Portinari, agent des Médicis à Bruges, placé en 1478 dans l'église San Egidio de Florence, aujourd'hui au musée des Offices. À l'intérieur même des cités toscanes, un espace semble s'ouvrir au voyage. Ces villes offrent une multiplicité de points de vue sur elles-mêmes : Sienne se donne son propre spectacle du haut de ses collines, la tour du Palazzo Vecchio à Florence, le campanile créent des « points de vue », les « belles tours » de San Gimignano, la Torre Guinigi de Lucques montrent la cité autant qu'elles manifestent sa puissance. Le dialogue des villes est aussi correspondance des arts : les mêmes hommes s'illustrent en effet tour à tour dans l'architecture, la peinture ou la poésie – Andrea di Cione, dit Orcagna (actif de 1343 à 1368) peint ainsi le retable de la chapelle Strozzi à Sainte-Marie-Nouvelle (1357), sculpte le tabernacle d'Or San Michele, participe aux projets pour le Dôme.
Il reste que le plus grand de ces pôles d'attraction, au xve siècle, c'est Florence. En 1401, le concours pour doter le Baptistère d'une seconde porte qui surpassât celle d'Andrea Pisano (mise en place en 1338) vit Lorenzo Ghiberti triompher. Autour de lui, son atelier – la bottega, cette unité fondamentale de la production artistique à la Renaissance – assurait la formation de sculpteurs, de peintres, d'orfèvres, d'ornemanistes. L'achèvement du Dôme stupéfia l'époque : sans échafaudage extérieur, Filippo Brunelleschi (1377-1446), orfèvre et sculpteur devenu architecte, réussit à élever une coupole « assez vaste pour abriter tout le peuple toscan ». Réussite parfaite, elle fournit un point de repère visible, identifiable entre tous, sur les chemins qui conduisent à la cité et dans le paysage urbain lui-même, où, vu sous des angles différents, son revêtement de tuiles orange est partout présent. Complétée après la mort de Brunelleschi par une lanterne et par une boule dorée qui est peut-être le premier travail auquel participa le jeune Léonard de Vinci (1452-1519) dans l'atelier de Verrochio, le Dôme reste le symbole de Florence. Brunelleschi fut l'inventeur du « style toscan » en architecture, retour à une pureté qui se voulait antique : tirant parti avec rigueur de la pierre grise locale (pietraserena), grâce à laquelle il souligne les arcatures, il réalisa ces chefs-d'œuvre de classicisme que sont la « vieille sacristie » de Saint-Laurent (commencée en 1420), ou la chapelle des Pazzi de Santa Croce (commencée en 1443). Ce style, d'essence florentine, retravaillé[...]
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Écrit par
- Adrien GOETZ : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Michel ROUX : professeur émérite
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