- 1. Utilité politique du mythe romain
- 2. Le roman toscan : unité artistique de « pays » rivaux ?
- 3. Une « renaissance » avant la Renaissance ?
- 4. Artistes voyageurs
- 5. La Florence de Laurent le Magnifique
- 6. Comment la patrie de Michel-Ange devint le « salon de l'Europe »
- 7. « Retour à Florence » : collectionneurs et voyageurs passionnés
- 8. Florence, la ville contemporaine
- 9. Bibliographie
TOSCANE
La Florence de Laurent le Magnifique
La grande époque de Florence c'est, selon la tradition historiographique, celle de Laurent de Médicis (1449-1492). Maître « magnifique » d'une cité pacifiée, poète et politique, il se voue aux arts et aux études humanistes, formé par Cristoforo Landino, Marsile Ficin et Leon Battista Alberti (1404-1472). Ce dernier, principalement architecte, mais aussi humaniste complet, laissa des traités qui constituent une des sources principales pour comprendre cette génération de la « première Renaissance ». Les fêtes, aristocratiques et très populaires, soignées à l'extrême et auxquelles collaborent les meilleurs artistes, donnent naissance à un art quotidien et éphémère. Laurent, malgré sa légende, ne serait-il qu'une des plus brillantes illustrations d'un mouvement né vers 1420, redevable autant à son aïeul Côme l'Ancien, érudit et collectionneur, ami de Donatello, qu'aux rivaux politiques de celui-ci comme le richissime Palla Strozzi ?
Florence, où s'élèvent de nouveaux palais familiaux, règne sur la Toscane : Prato et Volterra révoltées sont définitivement assujetties, Pise se voyant confirmée dans sa prépondérance universitaire comme pour mieux lui ôter tout rôle politique. Paradoxalement, dans Florence, les Médicis n'ont pas le monopole du « mécénat » – André Chastel a bien montré que ce terme ne doit pas être entendu alors comme le patronage cohérent et programmé qu'exerça, par exemple, Louis XIV –, les grandes familles florentines, Tornabuoni, Rucellai ou Pitti, encouragent autant les artistes, sinon plus, que les Médicis. Sandro Botticelli (1445-1510), avec ses allégories du Printemps (1478) et de La Naissance de Vénus (vers 1484), sa complexe Calomnie d'Apelle (1495), demeure par excellence le peintre de la cour médicéenne, celle des palais de la via Larga ou de Careggi : il développa un art imprégné de philosophie néo-platonicienne, héritier de Masaccio par l'intermédiaire de Filippo Lippi – Botticelli, élève de ce dernier, prit ensuite dans son atelier son fils Filippino (1457 ? – 1504), exemple de ces « filiations » si courantes dans le cercle des artistes florentins.
Ces grands ateliers, lieux de technique et de culture savantes, qui fonctionnent comme des écoles d'art, tels ceux des frères Antonio (1431-1498) et Piero Pollaiuolo (1443-1496) ou plus encore d'Andrea Verrocchio (1435-1488), sont exemplaires de l'effervescence artistique de cette génération : ce dernier, orfèvre et sculpteur, dirige la bottega la plus importante de la ville, d'où sortent à la fois des objets de luxe commandés par les riches Florentins, casques, cuirasses, bustes, et des peintures – comme son Baptême du Christ auquel collabora le jeune Léonard.
C'est l'époque où, dans les contrats passés avec les commanditaires, on insiste plus sur la réputation, la valeur du maître, que sur le prix des matériaux qu'il emploie. La somme versée à Botticelli en 1485 pour un retable à Santo Spirito (aujourd'hui à Berlin) récompense essentiellement « son pinceau ». Le statut de l' artiste a changé : nul ne le considère plus, dans la Toscane de la fin du xve siècle, comme l'artisan qu'il était encore au début du siècle. Il affirme son originalité, son style, tout en continuant d'œuvrer sur commande : Vasari insiste, forçant le trait, sur le caractère fantasque d' Uccello (1397-1475), son obsession de la perspective, sensible dans le monument équestre à Giovanni Acuto peint en trompe-l'œil dans le Dôme en 1436, ou la scène du Déluge, dans le « cloître vert » de Sainte-Marie-Nouvelle (vers 1445). Le mystère de certaines toiles mythologiques de Piero di Cosimo (1462-1521), l'acuité du dessin qui caractérise les œuvres d' Andrea del Castagno (1423-1457),[...]
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Écrit par
- Adrien GOETZ : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Michel ROUX : professeur émérite
Classification
Médias
Autres références
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ACADÉMIES
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