- 1. Utilité politique du mythe romain
- 2. Le roman toscan : unité artistique de « pays » rivaux ?
- 3. Une « renaissance » avant la Renaissance ?
- 4. Artistes voyageurs
- 5. La Florence de Laurent le Magnifique
- 6. Comment la patrie de Michel-Ange devint le « salon de l'Europe »
- 7. « Retour à Florence » : collectionneurs et voyageurs passionnés
- 8. Florence, la ville contemporaine
- 9. Bibliographie
TOSCANE
Comment la patrie de Michel-Ange devint le « salon de l'Europe »
Michel-Ange, qui débuta peut-être comme apprenti lors de la décoration par Ghirlandaio du chœur de Sainte-Marie-Nouvelle, comme Léonard, formé, avec Lorenzo di Credi (vers 1460-1537 ?), dans l'atelier de Verrochio, sont issus de la grande tradition renaissante. Ils lui apportent, aux alentours de 1500, un renouvellement complet. Florence sert symboliquement de champ clos à leur lutte. Dans la salle du conseil du Palazzo Vecchio, on pouvait voir le choc de cavalerie choisi par Vinci pour représenter la Bataille d'Anghiari ; pour le mur d'en face, Michel-Ange se vit confier la Bataille de Cascina. Les deux œuvres, l'esquisse inachevée de Léonard, le « carton » de Michel-Ange, qui apprirent tant à la génération maniériste, disparurent dès le xvie siècle. Aujourd'hui, si l'on ne peut admirer à Florence que de rares œuvres de Léonard, L'Annonciation (vers 1475), L'Adoration des Mages, commande pour San Donato à Scopeto, laissée inachevée – Toscan de souche, il trace dans ses carnets des paysages que l'on a rapprochés de ceux des environs de Vinci, près d'Empoli –, en revanche, la marque de Michel-Ange s'y rencontre partout : architecture, avec l'escalier de la bibliothèque Laurentienne, peinture, avec le Tondo Doni des Offices, sculpture, avec les reliefs de la Casa Buonarroti, le David de 1503-1505 ou les tombeaux inachevés de Julien de Médicis, duc de Nemours, et de Laurent, duc d'Urbin. Encadrant les statues des deux princes, dans une architecture qui constitue le pendant, à Saint-Laurent – la paroisse des Médicis –, de la sacristie de Brunelleschi, les allégories de la Nuit et du Jour, de l'Aurore et du Crépuscule restent les chefs-d'œuvre du second séjour florentin du maître revenu de Rome. Sous la chapelle, une trappe conduit à une cave qui lui a peut-être servi d'atelier : les murs et la voûte sont couverts de dessins où l'on reconnaît une tête du Laocoon, la silhouette du David-Apollon et quelques réminiscences du plafond de la Sixtine. Les funérailles de Michel-Ange, grand homme florentin par excellence, à Santa Croce en 1564, donnèrent lieu à une cérémonie « nationale » toscane dédiée à l'universalité dans les arts, occasion d'une célèbre controverse alimentée par Cellini, sur le thème du paragone : quel art, de la sculpture ou de la peinture, l'emporte sur les autres ? À Florence, depuis les discussions sur l'édification du Dôme ou les portes du Baptistère, ce type de débat soulève les passions.
Le jeune Raphaël Sanzio (1483-1520), élève de Pérugin, à Florence en 1504, sous le gouvernement républicain du gonfalonier Pier Soderini (1494-1509), fut influencé à la fois par Léonard, notamment dans la Madone du grand-duc, et par le pathétique de Michel-Ange. Après son départ pour Rome, un courant classique se perpétue avec Fra Bartolomeo (1475-1517) et Andrea del Sarto (1486-1530), courant qui constitua, au xviiie siècle et encore pour Stendhal, la page la plus admirée de l'art florentin. Le maniérisme florentin, héritier paradoxal de Michel-Ange, dans sa terribilità, autant que de la grâce, la venustas, de Vinci, donna naissance à des œuvres d'inspirations très diverses. La Déposition de Croix et l'ensemble décoratif de Pontormo (1494-1556) à Santa Felicita (1526-1528) jouent sur le chromatisme et la « ligne serpentine » ; l'art du portrait, avec les commandes officielles confiées à Bronzino (1503-1572) – comme celui d'Éléonore de Tolède femme du grand-duc Côme Ier –, atteint à une irréelle impassibilité. À Sienne, Domenico Beccafumi (vers 1486-1551) prouve, par sa peinture et sa sculpture, que Florence n'étouffe pas tous les autres centres artistiques. Le mouvement se développe[...]
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Écrit par
- Adrien GOETZ : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Michel ROUX : professeur émérite
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