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TOUAREG

Établis dans les régions centrales et méridionales du Sahara, les Touaregs font partie de l'ensemble linguistique berbère. Soumis à l'administration française pendant l'ère coloniale (à l'exception toutefois des Touaregs de Libye, sous domination italienne), ils se partagent actuellement entre cinq États : le Niger, le Mali, l'Algérie, la Libye et le Burkina Faso. C'est toutefois dans les deux premiers pays que leurs relations avec le pouvoir central ont pris un tour conflictuel, mettant en cause la stabilité régionale. Au Mali comme au Niger, la confrontation entre la rébellion et le pouvoir central s'amorce au début des années 1990. La cause, dans les deux cas, en est la marginalisation politique et économique dont les Touaregs – les Imajeghen, « hommes libres », comme ils se désignent eux-mêmes – s'estiment victimes. À cette marginalisation viendront s'ajouter des facteurs plus conjoncturels, comme le détournement de l'aide internationale destinée aux camps de déplacés installés au Niger afin d'accueillir les populations victimes des deux grandes sécheresses des années 1970 et 1980. Du Niger, la rébellion s'étend ensuite rapidement au Mali, prenant une dimension régionale et internationale. Celle-ci est accentuée ultérieurement par l’onde de choc provoquée par la chute et la mort du colonel Kadhafi.

Un peuple éclaté

Touareg, désert du Mali - crédits : L. Romano/ De Agostini/ Getty Images

Touareg, désert du Mali

L'image des Touaregs est aujourd'hui encore très largement tributaire de l'héritage colonial. Les Imajeghen sont perçus de façon bivalente : fiers, rebelles, chevaleresques et, en même temps, pillards et esclavagistes, ils sont réputés pour être réfractaires à toute tentative extérieure de mise en ordre, politique et économique. Cette dualité est le reflet parfait de la relation ambiguë entretenue avec eux par les militaires et autres officiers méharistes français qui eurent longtemps la charge de les administrer : leur volonté de contrôle se doublait, en effet, d'une fascination certaine pour un peuple et un mode de vie en totale harmonie avec un environnement rude et exigeant, fascination qui n'est pas étrangère, du reste, à l'attrait touristique qu'offre aujourd'hui le Sahara.

Les Touaregs sont organisés en entités politiques que l'administration coloniale baptisa « confédérations », terme toujours utilisé. Constituée d'un ensemble de tribus, chaque confédération est identifiée par le nom du territoire dont elle a le contrôle : il y a ainsi les Kel Aïr, les Kel Ahaggar, les Kel Ifoghas... Le pouvoir suprême y est détenu par l'amenokal dont l'autorité est symbolisée par le tambour de guerre (ettebel) qui trône devant sa tente. La société touarègue présente plusieurs stratifications statutaires. On y distingue communément des nobles (Imajeghen), des religieux (Ineslemen), des tributaires ou vassaux (Imghad), des affranchis et des esclaves. Ces stratifications sont d'importance inégale selon les confédérations, celles qui vivent en zone agro-pastorale, au sud, se distinguant par un métissage accentué avec les populations noires. Partout ou presque, cependant, les guerriers jouissent d'un prestige inégalé, et leurs exploits, militaires ou amoureux, tissent la trame des récits que l'on se transmet de génération en génération, de campement en campement. Vivant dans une société matrilinéaire, les Touaregs sont monogames, bien que musulmans ; mais leur islam est interprété de façon assez libérale, sauf dans les tribus religieuses qui comptent en leur sein de nombreux lettrés très sourcilleux quant à la doctrine.

Si ces caractères généraux sont communs à toutes les confédérations, les Touaregs sont loin, cependant, de présenter un front uni. Cette question fait d'ailleurs l'objet d'un débat animé entre spécialistes. Alors que certains privilégient la thèse de l'unité[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., à Sciences Po Bordeaux

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Touareg, désert du Mali - crédits : L. Romano/ De Agostini/ Getty Images

Touareg, désert du Mali

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