Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TOUAREG

À la recherche d'une solution politique

Après de violents affrontements qui font de nombreux morts dans les deux pays, des solutions de sortie de crise se mettent en place. Au Mali, c'est un « Pacte national », conclu avec le concours actif de l'Algérie et signé le 11 avril 1992, qui entérine la fin du conflit. Prévoyant une large décentralisation visant à conférer une grande autonomie aux régions touarègues, cet accord restera lettre morte. Au Niger, des accords de paix sont signés en 1995 avec l'appui de la France. Ils prévoient notamment un meilleur partage des ressources minières (uranium, pétrole) localisées dans les régions nord, l'intégration des combattants touaregs dans les forces armées nationales et le soutien aux activités pastorales et d'élevage. L'échec des tentatives de résolution du conflit, au Mali comme au Niger, explique la résurgence des affrontements en 2006-2007, puis en 2012.

La concomitance des processus de dégradation de la situation ne doit cependant pas occulter la particularité du conflit dans chacun des deux pays. Au Mali, la rébellion n'a jamais réellement désarmé, en dépit du Pacte national. Sa tendance la plus radicale n'a pas accepté cet accord, se signalant par des attaques ponctuelles contre les forces armées maliennes. Au Niger, si, dans un premier temps, les accords de paix ont ouvert la voie à une certaine stabilisation du conflit, l'aggravation de la situation politique, économique et humanitaire, dont souffrent en premier lieu les populations touarègues, confère au conflit un caractère de gravité qu'il n'a pas au Mali : déploiement important de l'armée nigérienne, déplacement de populations, extension des zones d'insécurité, etc.

Cela explique en large partie le succès relatif de la diplomatie algérienne qui, en 2006 comme en 1992, réussit à rallier la rébellion et le pouvoir central malien à l'accord d'Alger, signé le 4 juillet 2006 ; celui-ci prévoit le retour du dispositif militaire de l'armée malienne à ses positions initiales ainsi que la libération de soldats faits prisonniers par les Touaregs. Ce geste de bonne volonté de la rébellion, suivi de deux autres à la mi-octobre 2007 puis en décembre de la même année, constitue un signe en direction du gouvernement malien pour l'inciter à prendre en considération les revendications touarègues. De caractère socioéconomique, culturel et sécuritaire, ces revendications sont adaptées à la situation des régions nord du Mali, terre d'élection des populations touarègues, que la rébellion considère comme marginalisées par le pouvoir central. Elles sont du reste consignées dans l'accord d'Alger. Le changement le plus notable réside en fait en l'apparition d'une nouvelle force, l'Alliance touarègue nord-Mali pour le changement (A.T.N.M.C.). Composée essentiellement de jeunes combattants aux aspirations aussi bien identitaires que socioéconomiques, l'A.T.N.M.C. demande une révision de l'accord d'Alger visant à l'octroi de larges compétences politiques, économiques, sociales et culturelles à la région extrême nord de Kidal « pour répondre aux préoccupations des populations locales », via la création d'un ministère pour cette région, ainsi que l'intégration « nombreuse et active » des Touaregs aux appareils militaires et sécuritaires de leur pays.

Plus complexe est la situation au Niger, où le spectre du conflit des années 1990 a été ranimé par l'attaque, le 8 février 2007, de deux postes de l'armée nigérienne à Iferouane. Revendiquée par un nouveau groupe armé, le Mouvement des Nigériens pour la justice (M.N.J.), cette attaque est suivie de plusieurs autres, principalement dans la région d'Agadez. Contrairement à ce qu'il en est au Mali, le conflit au Niger prend rapidement une ampleur telle qu'il[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., à Sciences Po Bordeaux

Classification

Média

Touareg, désert du Mali - crédits : L. Romano/ De Agostini/ Getty Images

Touareg, désert du Mali

Autres références

  • ADRAR DES IFORAS

    • Écrit par
    • 308 mots

    Situé au sud-ouest du massif du Hoggar, l'Adrar des Iforas, ou Ifoghas, occupe le nord-est de la république du Mali, entre 21 et 18 degrés de latitude nord. Plateau cristallin aux nombreuses aspérités, il présente une surface brunâtre et chaotique. L'altitude moyenne est voisine de 600 mètres,...

  • BERBÈRES

    • Écrit par , et
    • 7 639 mots
    Au Sahel, les Touaregs, autrefois dominants, sont en situation critique. Le Niger et le Mali sont des pays très pauvres et la sécheresse qui y sévit régulièrement a accéléré l'effondrement de la société de pasteurs nomades. Sur le plan politique, il existe depuis les indépendances une défiance tenace...
  • DAYAK MANO (1950-1995)

    • Écrit par
    • 537 mots

    Personnage inclassable, écartelé comme son peuple entre deux cultures et plusieurs pays, Mano Dayak, leader de la rébellion touarègue nigérienne, est mort le 15 décembre 1995, en compagnie de quatre autres personnes, dans l'explosion de son avion sur un aérodrome du désert du Ténéré, au ...

  • FOUCAULD CHARLES EUGÈNE vicomte de, puis PÈRE DE FOUCAULD (1858-1916)

    • Écrit par
    • 764 mots

    Né à Strasbourg dans une famille aristocratique aisée, orphelin de père et de mère à cinq ans, Charles Eugène vicomte de Foucauld quitte l'Alsace avec ses grands-parents après la défaite de 1870. Il fait ses études au lycée de Nancy. Sous l'influence des idées positivistes de l'époque, il perd la...

  • Afficher les 12 références