TOUBOU
La similitude du costume et de l'habitat a parfois fait considérer les Toubou (ou Téda) comme des Touareg noirs. Des différences significatives d'organisation sociale existent cependant, et la langue des Toubou appartient au groupe nilo-tchadien, proche du kanouri, alors que les Touareg sont berbérophones. Au nombre d'environ quatre cent mille dans les années 1990, les Toubou sont répartis dans la partie centrale du sud du Sahara, dans l'Aïr, le Tibesti, l'Ennedi et le Fezzan, régions situées au nord du Niger et du Tchad, et en Libye. Leur peau est très foncée : ils diffèrent cependant des populations noires situées plus au sud.
Quelques groupes, fixés dans les oasis, cultivent les céréales et entretiennent des palmeraies ; mais l'élevage nomade constitue l'activité principale : au nord, les Toubou élèvent des chameaux et des chèvres ; au sud, des bovins. Le troupeau fournit l'alimentation de base : lait, beurre et viande ; il procure également la peau pour les tentes et sert de moyen de transport. L'artisanat est développé : métallurgie et orfèvrerie, exploitation et commerce du sel. Ce sont les hommes qui font les vêtements : ceux-ci sont semblables à ceux des Touareg et les hommes portent le voile. Autrefois les activités guerrières, razzia et feud, occupaient une place importante. Les Toubou avaient pour armes principales la lance, le couteau de jet et le bouclier en peau, les femmes portant le poignard.
L'organisation sociale est de type patrilinéaire. Accompagné du versement d'une compensation matrimoniale, le mariage est soumis à des règles d'exogamie stricte : le mariage entre cousins est prohibé. La résidence du couple est patrilocale, mais celui-ci fait d'abord un séjour dans le groupe familial de l'épouse. La société toubou est très hiérarchisée : certains clans constituent une aristocratie, dont fait partie le chef de tribu (le derdé), et dominent les libres vassaux, les serfs, les esclaves et les artisans groupés en castes.
L'islamisation des Toubou est relativement récente ; elle a été effectuée par les Senoussi au xviiie siècle. La conquête coloniale s'est heurtée à de vives résistances, et aujourd'hui encore les relations entre les nomades et l'administration restent médiocres.
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Écrit par
- Roger MEUNIER : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études
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