TOURAINE
Un des trente-deux gouvernements que comptait la France d'Ancien Régime, la Touraine est une province dont l'origine remonte à l'époque gauloise : à son arrivée en Gaule, César signale le pays des Turones, bordé par les pays des Aulerci Cenomani (région du Mans), des Carnutes (pays Chartrain), des Bituriges Cubi (Berry), des Pictones (Poitou) et des Andevaci (Anjou).
À l'époque gallo-romaine, la capitale, qui reçut le nom de Caesarodunum devint un centre assez important, à la croisée de routes qui la reliaient à Cenabum (Orléans), à Juliomagus (Angers), à Autricum (Chartres), à Limonum (Poitiers) et à Avaricum (Bourges). Valentinien fit de Caesarodunum la capitale de la IIIe Lyonnaise, qui comprenait les futures provinces de Bretagne, de Maine, d'Anjou et de Touraine. Jusqu'en 1859, ces pays ont dépendu de l'archevêché de Tours. À la fin du ive siècle, on trouve à Tours saint Martin, qui fonde l'abbaye de Marmoutier. La renommée du saint se répand dans toute la Gaule, et son tombeau devient un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de l'Occident chrétien. Cela explique que les Tourangeaux aient supporté avec impatience l'occupation des Wisigoths, et qu'ils aient accueilli Clovis comme un libérateur.
Dans la Gaule mérovingienne, sans cesse modelée par de nouveaux partages, la Touraine paraît écartelée entre la Neustrie et l'Aquitaine. La personnalité de la Touraine est consacrée sous Louis le Débonnaire : lors de la division de la Gaule en dix missatica, Tours fut la capitale du missaticum Toronicum.
Les frontières se précisèrent au début de l'époque féodale. Dès 940, Thibaut le Tricheur réunit sous son autorité les comtés de Tours, de Chartres et de Blois, et les villes de Chinon, de Montaigu, de Vierzon, de Sancerre et de Saumur. Son fils Eudes Ier, qui lui succéda, eut à lutter contre Foulques Nerra comte d'Anjou, qui convoitait la Touraine.
La guerre fit rage entre la maison de Blois et la maison d'Anjou pendant toute la première moitié du xie siècle, et l'on en voit encore des traces dans les châteaux forts établis aux confins des deux principautés territoriales. Thibaut III de Blois s'attira la colère d'Henri Ier de France en refusant de lui prêter hommage : le roi fit don de la Touraine à Geoffroy II Martel d'Anjou, à charge pour celui-ci de la conquérir. En 1043, Geoffroy mit le siège devant Tours, qui capitula après dix-huit mois. Finalement, la paix fut faite entre les deux voisins, mais Thibaut dut céder la Touraine à Geoffroy à titre de fief (1044).
La Touraine devait désormais suivre le sort de l'Anjou : c'est dire qu'elle fit partie de l'empire Plantagenêt s'étendant de l'Angleterre à l'Aquitaine. Henri II Plantagenêt fut un bienfaiteur du pays. Il consolida et agrandit les levées de la Loire, développa la ville de Tours, construisit de nombreux ponts, donna au pays une administration régulière.
Après la mort de Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, qui s'efforçait depuis longtemps de recouvrer cette province, reconnut d'abord pour duc Artus Ier de Bretagne, mais celui-ci fut capturé par Jean sans Terre. Une nouvelle guerre permit au roi de France de reconquérir la province, par les armes de Guillaume des Roches, seigneur de Rochecorbon, qui fut nommé sénéchal héréditaire de Touraine par Philippe Auguste (1204). En 1214, Jean sans Terre abandonnait définitivement la Touraine par le traité de Chinon.
La sénéchaussée héréditaire fut supprimée par la cession qu'en fit Amaury III de Craon au roi en 1312. La Touraine fut alors érigée en duché et donnée à plusieurs reprises en apanage aux fils de France, au cours du xive siècle.
Au siècle suivant, la Touraine paraît le siège de la royauté capétienne. Charles VII, dépossédé de Paris, dut se replier[...]
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Écrit par
- Jean DÉRENS : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris
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