TOURBIÈRES
Répartition mondiale des tourbières
Conditionnée par le climat, la répartition des tourbières est essentiellement zonale, l'altitude venant cependant parfois corriger les effets de la latitude.
Sous le climat arctique, la productivité végétale trop faible ne permet pas la genèse de tourbières. Tout au plus peut-on observer au sud de l'arctique, dans des bas marais semi-tourbeux, la formation de petites buttes de tourbe à noyau de glace, les thufurs. Sphaignes, andromède, airelles rappellent la flore des tourbières ombrogènes, avec des Carex (C. rariflora, etc.), des linaigrettes, la ronce arctique (Rubus chamaemorus)...
Les premières vraies tourbières (ombrogènes) apparaissent au voisinage de la limite des arbres. Elles sont formées par la juxtaposition d'énormes coupoles de tourbe et de glace, les palses, dépassant parfois 7 mètres de hauteur. Leur végétation, qui dispose d'à peine trois mois de températures diurnes positives (moyenne annuelle un peu inférieure à 0 0C, N. Fedoroff), est dominée par des sous-arbrisseaux éricoïdes xéromorphes.
Plus au sud, dans le subarctique moyen (Finlande centrale, Nouveau-Québec vers 53 degrés de latitude N., par exemple), l'augmentation conjointe des précipitations et de la température (moyenne entre 0 0C et + 2 0C) détermine une énorme extension des tourbières, qui peuvent occuper de 40 à 60 p. 100 des territoires cités (Fedoroff). S'échappant des zones basses, elles couvrent pentes et plateaux, envahissant les forêts qui sont détruites. On y retrouve, au sein d'immenses nappes de sphaignes, les Carex, Eriophorum et surtout les Éricacées (Andromeda, Oxycoccos, Vaccinium, Ledum, par exemple), ainsi que les Drosera, immuable cortège des tourbières oligotrophes dans l'hémisphère Nord. Parmi leurs formes diverses, les tourbières réticulées prédominent, notamment les aapa, striés de chenaux aquatiques imitant en vue aérienne la robe d'un zèbre.
Dans la zone tempérée froide, l'élévation des températures et de la durée de végétation augmente la productivité végétale mais aussi la décomposition de la matière organique et l'évapotranspiration. Celle-ci reste cependant inférieure aux précipitations sous le climat hyperatlantique (Écosse, Irlande, par exemple) : les tourbières revêtent alors la plupart des reliefs (tourbières de couverture). Partout ailleurs, vers l'est et le sud, les tourbières, concentrées dans les dépressions, sont topogènes. Si ces tourbières, parfois immenses, subsistent en grand nombre de la Russie moyenne au Bassin parisien, elles se localisent à l'approche du bassin méditerranéen aux étages montagnard et parfois subalpin. Les pozzines oroméditerranéennes (Corse, Pyrénées) en sont l'ultime expression au sud de l'Europe.
Il faut atteindre ensuite le voisinage de l'équateur pour que des tourbières réapparaissent à faible altitude, par suite de l'augmentation considérable de la pluviosité et de la productivité végétale. Bien que ces formations ombrogènes aient une grande originalité floristique, on y retrouve des sphaignes et des Drosera ; de même les sphaignes forment-elles d'épais peuplements à l'étage des brouillards froids des montagnes intertropicales (vers 3 000 m dans le Ruwenzori, par exemple).
Les tourbières de l'hémisphère Sud se sont surtout cantonnées aux rares terres émergées des latitudes moyennes. Aux Kerguelen, d'épaisses couches de tourbe résultent de la croissance en masse de Spermaphytes spéciaux tels que : Azorella, Poa cookii, Juncus pusillus ; elles sont, d'ailleurs, en voie de destruction par le lapin, imprudemment introduit par l'homme (Aubert de La Rüe).
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Écrit par
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
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