TOURISME CULTUREL
Une demande en mutation
La demande de tourisme culturel évolue parallèlement à la consommation touristique en général. Elle privilégie notamment le court séjour « thématique » à n'importe quel moment de l'année, réduisant d'autant la durée du séjour en haute saison d'été.
Les déplacements de quelques jours sont grandement facilités par le développement des nouvelles infrastructures de transport (autoroutes, T.G.V.) et par la baisse des tarifs aériens. La France « rapetisse » et des régions autrefois inaccessibles pour qui ne disposait pas au moins d'une semaine peuvent être visitées le temps d'un week-end. La forte demande qui en résulte ne cesse de croître et trouve dans le patrimoine en particulier, et les activités culturelles en général, un objectif privilégié car, en dehors de la saison d'été plus propice aux activités sportives et de plein air, il devient le principal centre d'intérêt.
Cette demande se diversifie et devient plus exigeante. Le public recherche l'insolite, l'inattendu et ne se contente plus d'être passif devant le monument. Stimulé par l'ouverture de grands lieux de culture scientifique et technique où tout est conçu pour lui, le visiteur a tendance à rechercher le même degré de professionnalisme dans les présentations des monuments et des musées. Le château vide, le musée-dépôt d'objets de toutes périodes sans explication ni accueil multilingue ne font plus recette.
Abreuvé d'images innombrables et fortes par la télévision et le cinéma, le visiteur ne consent plus à faire l'effort d'imagination qui lui permettrait de revivre de lui-même l'histoire du monument et de ses habitants et a fortiori d'en concevoir le fonctionnement. Il faut expliquer, animer et recréer, sinon le visiteur déçu passera rapidement et répandra ensuite une contre-publicité désastreuse pour la fréquentation du lieu culturel qui n'a pas répondu à son attente.
Fait nouveau, le public ne se contente plus du triptyque « monument-musée-festival ». Il s'intéresse désormais à de nouveaux patrimoines – scientifique et technique, maritime, géologique –, aux écomusées, aux musées de sociétés ou à des patrimoines délaissés : sites archéologiques et industriels, patrimoine historique, architecture militaire, etc. Il souhaite, lorsqu'il visite une région, trouver une offre variée et non un monoproduit dont la répétition vite lassante le pousse à abréger son séjour. Ainsi le Val de Loire qui dispose d'un patrimoine infiniment varié, mais qui n'offre que des châteaux dont la présentation assez conventionnelle donne l'impression qu'ils sont « tous pareils », ne retient pas les touristes plus de quarante-huit heures en moyenne. L'Alsace, au contraire, qui a su diversifier son offre culturelle et ajouter à ses monuments, châteaux et musées de Beaux-Arts, des musées techniques, des musées de société, des écomusées et des lieux de mémoire, réussit beaucoup mieux.
Le public souhaite de même pouvoir élargir son approche et son activité dans les lieux culturels. Il ne se contente plus de visiter un monument, si prestigieux soit-il, en suivant une visite guidée ou individuelle. Il veut pouvoir le découvrir de manière différente, par exemple par avion ou hélicoptère si c'est possible. S'il séjourne, il appréciera des circuits pédestres, cyclistes, équestres. Il souhaitera dîner ou déjeuner dans le monument, y entendre un concert, y voir un spectacle, le découvrir de nuit ; bref, il souhaite l'espace d'un moment vivre dans le lieu culturel qu'il a choisi et cela bien au-delà du temps d'une simple visite.
Les visiteurs étrangers notamment sont devenus très exigeants en matière d'accueil. Accueil linguistique, balisage, accessibilité, propreté, environnement, parking, information,[...]
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Écrit par
- Michel COLARDELLE : conservateur général du patrimoine, directeur du Musée national des Arts et Traditions populaires et du Centre d'ethnologie française
- Alain MONFERRAND : secrétaire général du Conseil national du tourisme, directeur de l'Observatoire national du tourisme
Classification
Médias
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