TOURISME
Pratiques et lieux touristiques
Si la spectaculaire multiplication des contrées touristiques et la mise en tourisme de lieux qui préexistaient à cette activité, comme les grandes métropoles, sont une conséquence de sa démocratisation, d’abord dans les pays développés et aujourd’hui dans les pays émergents, elle provient également de la diversification des pratiques touristiques au fil du temps et d’un renouvellement du regard sur la nature qui s’est opéré à partir du xviiie siècle, dans ses dimensions paysagères et climatiques. Il en découle une nouvelle sensibilité aux littoraux, à la haute montagne ou aux saisons, dont le mot est devenu une des bases du vocabulaire touristique, au point d’être employé d’une manière absolue pour désigner le moment de l’année où les touristes affluent. Ainsi « la saison » est synonyme de « haute saison ». Le glissement des pratiques du médical à l’hédonique correspond, entre autres, à l’émergence d’une nouvelle culture du corps qui s’amorce à la fin du xixe siècle. Auparavant, sous l’influence des médecins, dans un monde où la mort frappait prématurément, il pouvait s’agir pour les riches oisifs de se réfugier dans des lieux les préservant des rigueurs du climat. Ainsi, dans ses Lettres sur l’Italie en 1785, Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty (1746-1788) écrit que « Nice, pendant l’hiver, est une espèce de serre pour les santés délicates » ou qu’il « a vu des Anglaises touchantes, et même charmantes : à leur arrivée, elles mouraient ; elles ont refleuri dans l’air de Nice ». Il pouvait s’agir également de gagner des lieux de cure comme Bath ou d’échapper à des épidémies meurtrières. Nombre de lieux touristiques ont été créés pour se mettre à distance du choléra ou de la fièvre jaune, tels ceux des Adirondacks ou des monts Catskill dans le nord-est des États-Unis, ou ceux des régions de montagne de Mendoza et Córdoba pour les citadins de Buenos Aires au xixe siècle. Dans les régions tropicales, le paludisme a favorisé la villégiature en altitude et la création des hill stations.
La primauté du littoral
Malgré tous les discours vantant les vertus du « tourisme vert » et son développement, jamais les littoraux n’ont été aussi fréquentés qu’aujourd’hui. C’est en milliards qu’il faut évaluer le nombre annuel de séjours touristiques littoraux. En France, l’enquête SDT de 2016, réalisée par la DGE, montre que les littoraux accueillent près d’un tiers des nuitées des résidents de France métropolitaine pour 22 p. 100 des voyages au sein de cet espace, car les séjours y sont plus longs (un peu plus de 7 jours en moyenne) que dans les espaces urbains, qui reçoivent le plus grand nombre de séjours mais moins du quart des nuitées, en raison d’une durée moyenne de séjour de moins de 4 jours. Les espaces ruraux et les montagnes, hors stations de ski, viennent ensuite, avec respectivement 20 p. 100 et 15 p. 100 des nuitées. Les stations de ski ferment la marche avec 8 p. 100 seulement des nuitées. À l’exception des Alpes du Nord, les départements les plus touristiques de France sont tous littoraux, bordant la mer Méditerranée hormis les Bouches-du-Rhône, ou sur la façade atlantique, des Pyrénées-Atlantiques au Finistère. À l’échelle de l’Union européenne, en 2014, selon Eurostat et l’INSEE, dans les pays du Sud, mais aussi au Danemark, en Irlande et en Suède, plus de la moitié des nuitées touristiques sont effectuées sur les côtes. La part du littoral est particulièrement forte, dépassant 75 p. 100, en Grèce, en Croatie, au Portugal, au Danemark ou en Espagne.
Les grandes concentrations
C’est le long des mers et des océans qu’a été créé le plus grand nombre de lieux touristiques et qu’on trouve les concentrations les plus fortes. Songeons tout d’abord aux conurbations, nées de la[...]
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Écrit par
- Jean-Christophe GAY : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur
Classification
Médias
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