TOURS DE GRANDE HAUTEUR ou GRATTE-CIEL
Tendances actuelles
La tour n'est plus seulement un bel objet fonctionnel dédié au travail, elle s'affiche comme une architecture à part entière et prend une place emblématique dans la ville. Désormais elle tient compte de l'environnement urbain et souhaite s'y intégrer. Elle revendique une nouvelle « fierté ». Dans un premier temps, elle s'autorise des fantaisies formelles et constructives et assure un rôle de véritable laboratoire de l'innovation, toujours en « soignant le pied, en décoiffant la tête », mais aussi en proposant des espaces plus agréables et une meilleure relation à la nature. Dans un second temps, il s'agit de limiter l'empreinte énergétique, c'est-à-dire le coût d'usage. La prise en compte des enjeux du développement durable se traduit par une démarche de conception globale.
La forme même évolue, avec des façades courbes et des silhouettes aérodynamiques pour minimiser les effets du vent, une recherche d'économie pour l'ossature et l'emploi de matériaux recyclables. La façade se dédouble (double peau) pour une meilleure performance thermique. Elle se transforme en résille structurelle et multifonctionnelle pour assurer la stabilité, tout en devenant le support de technologies nouvelles. Ces nouvelles fonctionnalités réduisent l'emprise des locaux techniques et augmentent la surface utile. La tour est perçue comme un organisme vivant : préoccupations structurelles et objectifs écologiques se rejoignent.
Les façades se différencient selon leurs orientations. La démarche « passive » bioclimatique et la prise en compte « active » des apports solaires par le biais de technologies sophistiquées commence à se répandre. Cela permet de limiter les apports thermiques, puis de récupérer les frigories ou les calories selon des cycles journaliers (jour/nuit) ou saisonniers, (été/hiver).
Cependant, les constructions de grande hauteur posent le problème de l'ombre portée sur les autres bâtiments. Les premières réglementations d'urbanisme, imposant la construction en gradins en retrait, furent votées dès 1916, à New York, lorsque les 273 mètres de l'Equitable Building (1915) eurent privé une rue entière de soleil.
Ainsi le nouveau World Trade Center, comprendra plusieurs tours de hauteur différente, avec, à la base, un espace creux, baigné de lumière, dessinant par un jeu d'ombres portées l'empreinte des tours jumelles, chaque 11 septembre.
Les plateaux sont désormais autonomes les uns par rapport aux autres, en termes d'éclairage, de chauffage et de ventilation. Le recours aux énergies renouvelables se développe : usines à vent situées au sommet, éoliennes verticales ou horizontales intégrées à la structure, capteurs solaires thermiques et panneaux photovoltaïques. La ventilation naturelle se généralise : les fenêtres des bureaux s'ouvrent sur des atriums ou des façades en double peau. La végétation trouve sa place par le biais de balcons, loggias, et jardins suspendus. Enfin, de multiples dispositifs concourent à diminuer l'empreinte écologique du bâtiment et dessinent peu à peu les contours d'une nouvelle lignée de constructions qui risque de rendre brutalement obsolètes les générations précédentes.
Des tours « écologiques » ?
Les Européens s'investissent rapidement dans ces recherches environnementales. La première « tour verte » est construite en 1997 par Foster à Francfort pour la Commerzbank. Un plan triangulaire avec trois branches qui entourent un immense atrium central apportant lumière et ventilation naturelle. Les bureaux occupent deux « pétales », le troisième étant aménagé en jardin sous une quadruple hauteur d'étages. Dans le module suivant, le jardin se décale sur un autre côté, créant un effet de spirale. Le jardin sert de lieu de rencontres et de détente, et crée un microclimat.[...]
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Écrit par
- Élisabeth PÉLEGRIN-GENEL : architecte D.P.L.G., psychologue du travail
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