TOUTÂNKHAMON (XIVe s. av. J.-C.)
Le protocole scientifique
De multiples interrogations subsistent donc quant à la généalogie de Toutânkhamon, les causes de sa mort ou encore son « dossier médical ».
Un article publié en 2010 par Zahi Hawass (responsable des Antiquités égyptiennes au musée du Caire) et seize collaborateurs de nationalités diverses (Égyptiens, Allemands et Italiens) répond à plusieurs de ces questions grâce à l'utilisation de méthodes modernes de génétique moléculaire. Cet article est le résultat d'un travail collectif mené de septembre 2007 à octobre 2009, et associant tests ADN, radiographies et scanners.
Toutes les analyses génétiques ont été menées en respectant les critères d'authenticité exigés pour toute étude d'ADN ancien, principalement lorsqu'il s'agit de spécimens humains. En effet, la contamination reste un des problèmes majeurs pour ce type d'analyse. L'ADN ancien est fragmenté et dégradé de manière assez considérable, ce qui favorise la contamination par de l'ADN moderne à toutes les étapes techniques, notamment l'extraction et l'amplification par PCR (polymerase chain reaction). Au total, plus de cinquante-cinq biopsies osseuses furent effectuées sur l'ensemble des momies.
Les conditions techniques qui assurent la validité d'un tel travail sont donc très strictes. Elles exigent notamment des manipulations dans un laboratoire spécifique (ici situé dans le sous-sol du Musée égyptien du Caire) et une vérification en parallèle dans un second laboratoire (faculté de médecine de l'université du Caire), une détermination systématique (« typage ») des séquences d'ADN analysées de tous les protagonistes de l'aventure (si une identité de séquence se retrouve entre momies et individus impliqués dans l'étude, une contamination est suspectée). Chaque résultat est répété (et donc vérifié) plusieurs fois pour chaque spécimen et à partir d'échantillons osseux différents.
Au total, seize momies furent analysées : Toutânkhamon, dix momies qui lui étaient possiblement apparentées (ou même sûrement pour Touya, Youya et Amenhotep III, dont l'identité était certaine), ainsi que cinq momies royales de la période du Nouvel Empire mais distinctes de la lignée du jeune pharaon. Ces dernières ont servi de groupe de contrôle aussi bien pour les études morphologiques que pour les analyses génétiques. Les momies ont été scannées et leurs indices céphaliques estimés.
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Écrit par
- Véronique BARRIEL : maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Autres références
-
VALLÉE DES ROIS
- Écrit par Jean LECLANT
- 932 mots
- 8 médias
À partir de la XVIIIe dynastie, le lieu de sépulture des pharaons se trouve séparé de leur lieu de culte ; celui-ci prend place désormais dans les « temples de millions d'années », une expression apparue dans les textes égyptiens dès la fin du Moyen Empire pour désigner un type de sanctuaire...