TOUVA ou TUVA RÉPUBLIQUE DE
République de la fédération de Russie située au cœur de l'Asie, entre la Sibérie (territoires de l'Altaï à l'ouest et de Krasnoïarsk au nord, région d'Irkoutsk au nord-est, République bouriate à l'est) et la Mongolie (au sud, région de la dépression des grands lacs mongols) : la capitale de Touva (ou Tuva), Kyzyl, est réputée représenter le centre géométrique du continent asiatique. Cerné par de hautes chaînes de montagnes (au nord, les monts Saïan qui forment frontière ; à l'ouest, les monts Šalšal ; au sud, les chaînes de Tannou-ola et de Sangilen qui culminent à 3 274 m), son territoire (170 500 km2) est occupé par des blocs montagneux que coupent les deux dépressions longitudinales des bras du haut Ienisseï : au nord, celle de Todža (Todžinskaja kotlovina), au sud celle de Touva (Tuvinskaja kotlovina). Le climat y est continental et sévère, mais la région recèle de grandes richesses forestières et des réserves de houille blanche et de divers minéraux utiles ou précieux tels que l'amiante, le charbon et l'or.
Durant toute sa longue histoire, Touva a été dominé par les empires voisins : d'abord par les grandes confédérations nomades, celles des Xiongnu de la fin du ~ Ier millénaire au iie siècle ; puis des Xianbei, des Ruanruan ; de la fin du vie au milieu du viiie siècle par le khaghānat des Tujue ; puis jusqu'au milieu du ixe siècle par celui des Ouïgour qui y fondent des villages fortifiés. Lorsqu'en 840 les Ouïgour sont chassés par les Kirghiz, une partie d'entre eux reste sur place et fusionne avec la population autochtone. Le pays est ensuite conquis en 1207 par Gengis khān et, sous la dénomination de pays uriangkhai, il voit son destin désormais lié pour plusieurs siècles à celui des Mongols, Mongols orientaux, puis Mongols occidentaux, ou Jüngar, à partir de la seconde moitié du xviie siècle ; après l'extermination de ces derniers, il passe, comme l'ensemble de terres mongoles, en 1757, sous le joug de la dynastie sino-mandchoue des Qing. L'unité administrative est alors, de même qu'en Mongolie, le khošūn, commandé par un noble, le noyon, qui relève de la cour chinoise soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire d'un amban (résident général) ou d'un prince mongol.
Les Touvas, appelés aussi Soyot ou Uriangkhai, sont d'origine mongoloïde, parlant une langue turque du groupe ouïgour, enrichie de nombreux emprunts lexicographiques au mongol. Anciennement chamanistes, ils sont gagnés au xviiie siècle par le lamaïsme que les Mongols leur ont apporté du Tibet. N'ayant pas d'écriture propre, leur élite est formée aux littératures tibétaine et mongole. Leur activité principale est, à l'époque prémoderne, l'élevage nomade (élevage du renne dans les hautes terres du Nord et de l'Est). Le costume national est une adaptation de la robe ceinturée mongole. Les premiers envoyés russes apparaissent en 1615, comme V. Tioumenets et I. Petrov, qui laissent des notations ethnographiques, mais ce n'est qu'après la conclusion du traité sino-russe de Pékin en 1860 que les Russes commencent à s'intéresser vraiment à la région et que des colons s'y installent (en 1917, on compte plus d'un millier de foyers de paysans russes qui cultivent les basses terres des vallées). Lorsqu'en 1912, les Qing étant renversés, la Mongolie-Extérieure proclame son autonomie, la majorité des nobles et du haut clergé se rallie à elle. Mais, en 1914, le gouvernement tsariste décide de transformer le pays uriangkhai en protectorat inclus dans le gouvernement de l'Ienisseï. Il y fonde la ville de Bielotsarsk (actuel Kyzyl) et prépare un plan d'aménagement du pays en colonie. En 1918, les échos de la révolution d'Octobre atteignent les Touvas qui, en août 1921,[...]
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Écrit par
- Françoise AUBIN : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
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