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TOXICOLOGIE

La toxicologie moderne

Un des chapitres de la toxicologie moderne est l'étude des risques de nocivité pouvant résulter de la pollution chimique de l'air des villes. On concevra qu'il s'agisse d'un problème extrêmement sérieux, si l'on songe que l'air est l'« aliment » le plus fondamental de l'homme qui, chaque jour, en absorbe un peu plus de 15 kilogrammes.

Le développement croissant de l'industrie nucléaire, joint aux applications sans cesse plus nombreuses des radio-isotopes, n'est pas pour diminuer les craintes. Particulièrement redoutables sont, en effet, les risques pouvant résulter pour la santé de l'exposition prolongée, à des doses même minimes, de produits radioactifs dont certains, comme le strontium 90, ont une vie très longue et sont solidement retenus dans les tissus. Il est bon de préciser qu'ils sont capables de pénétrer dans l'organisme non seulement par voie respiratoire, mais encore et surtout par voie digestive, par suite de contaminations éventuelles de la chaîne alimentaire, y compris les eaux.

Un autre chapitre de la toxicologie s'est ouvert depuis que, pour lutter contre les nombreux parasites et ravageurs de cultures, parmi lesquels il faut surtout citer les insectes, les moisissures et les rongeurs, ont été mis en œuvre des agents chimiques, qualifiés de pesticides, dont le nombre s'est progressivement accru. Leur emploi comporte, dès lors, des risques de nocivité pour les manipulateurs chargés de leur application et, par suite de leur persistance sous forme de résidus, pour les consommateurs des produits végétaux traités.

D'autres ramifications de la toxicologie dans le domaine alimentaire sont à envisager. Les intoxications alimentaires ont des origines très diverses : méprises, fraudes, contaminations chimiques ou bactériennes au cours de la préparation, de la conservation ou de la distribution. Il faut y ajouter les risques de nocivité résultant de l' addition volontaire aux aliments d'agents chimiques les plus divers et, en particulier, de conservateurs ou de colorants, dont certains, tel le paradiméthylaminoazobenzène, ont été reconnus cancérogènes.

La diffusion d'emploi des produits chimiques sur le plan ménager, par exemple, comme produits d'entretien, comme insecticides ou même comme produits de toilette ou de beauté, pose aussi des problèmes toxicologiques exigeant une vigilance continue pour la protection des populations. Les effets neurotoxiques graves provoqués chez les nourrissons par l'usage inconsidéré de préparations contenant de trop fortes doses de l'antiseptique hexachlorophène constituent, à cet égard, un exemple spectaculaire.

Une science, dont l'objectif est l'étude des toxiques, doit se préoccuper tout d'abord de leur origine. Il faut savoir, en effet, s'ils sont fabriqués par l'homme ou s'ils existent dans la nature, élaborés par les animaux, comme les ptomaïnes ou les venins, par les végétaux, comme les alcaloïdes, par les bactéries, comme les nitrites, ou par les moisissures, comme les mycotoxines, dont certaines, notamment les aflatoxines, hautement cancérogènes pour le foie, sont des toxiques terriblement actifs. Cette connaissance est un élément fondamental pour l'orientation des efforts en vue de soustraire les populations à leur influence.

De plus, il faut connaître les propriétés physiques et chimiques des produits toxiques pour comprendre comment ils peuvent pénétrer dans les organismes vivants, y circuler, s'y transformer, en être éliminés ou s'y accumuler.

De façon primordiale, il s'impose de révéler les récepteurs, morphologiques ou biochimiques, sensibles à leurs effets biologiques néfastes. Le premier stade des études, de nature descriptive, consiste à découvrir les symptômes qu'ils provoquent. Il doit être suivi d'investigations[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences, membre de l'Académie nationale de médecine.

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