TRACE MNÉSIQUE
Modification du tissu nerveux constituant la base neurophysiologique de la conservation du passé dans la mémoire. Le terme de trace mnésique a été employé dès le début du xxe siècle par les psychologues pour désigner ce qui est conservé par la mémoire. Deux points de vue se sont opposés au sujet de l'interprétation de l'évolution de la trace. Dans la perspective la plus ancienne, la trace mnésique s'affaiblit, perd progressivement les caractéristiques distinctives de la figure originale, sauf celles qui ont été accentuées dans la perception ou renforcées dans la reproduction : c'est l'oubli. Pour les théoriciens de la forme (Gestalt) au contraire, la trace, au lieu de s'affaiblir, se stabilise dans le sens d'une « bonne » forme (aisément mémorisable) par assimilation à un objet ou par accentuation d'un détail.
Cette notion, qui était tombée en désuétude depuis la Seconde Guerre mondiale, a été reprise depuis lors par certains psychologues, en raison sans doute des progrès de la neurophysiologie, qui montrent qu'elle n'est plus entièrement hypothétique. La trace est considérée comme étant constituée de différentes composantes qui seraient toutes sujettes à un affaiblissement mais de façon indépendante les unes des autres, ce qui permet d'expliquer les phénomènes d'oubli partiel. Les recherches psychophysiologiques ont donné, en outre, une consistance à la vieille idée de consolidation de la trace, idée selon laquelle la trace est perturbée (et donc disparaît rapidement) si un nouvel événement survient avant le délai nécessaire à sa consolidation. En ce qui concerne la nature de la trace (encore appelée « engramme »), les physiologistes ont formulé des hypothèses faisant intervenir les connexions synaptiques ou des systèmes réverbérants ; les biochimistes invoquent plutôt des modifications spécifiques de la structure de certains constituants cellulaires.
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Écrit par
- Jean-François RICHARD : professeur de psychologie à l'université de Paris-VIII
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