HAPPISBURGH TRACES DE PAS D'
Happisburgh, localisé dans le comté de Norfolk, à l’est de l’Angleterre, a livré en mai 2013 les plus anciennes traces d’hominidés hors d’Afrique connues à ce jour. Avec un âge estimé entre 1 million d’années (Ma) et 780 000 ans, celles-ci, préservées dans des terrains situés au bord de la mer du Nord, ont été mises au jour par l’érosion marine : les fortes marées ont balayé le sable de la plage d’Happisburgh, laissant apparaître la roche sous-jacente. Cette découverte, qui n’a été révélée qu’en 2014 (N. Ashton et al., « Hominin Footprints from Early Pleistocene Deposits at Happisburgh, UK », PloSONE, vol. 9[2], 2014), est le fruit d’une équipe qui travaille depuis des années sur les plus anciens peuplements au Royaume-Uni et qui réunit des chercheurs du British Museum de Londres et de plusieurs universités britanniques. Ces scientifiques ont dû intervenir rapidement, en période de marée basse, pour étudier ces empreintes qui ont disparu quelques jours plus tard, emportées par la mer.
Sur la trace des plus anciens peuplements de l’Europe
Cette découverte se produit plusieurs années après la mise au jour d’outils taillés sur deux sites de la même région qui attestent une présence de l’homme beaucoup plus ancienne que l’on imaginait, à savoir dès 900 000 ans (site 3 de Happisburgh) et 700 000 ans (site de Pakefield) dans cette partie septentrionale de l’Europe.
Il est désormais établi que des groupes d’hominidés quittent l’Afrique via l’Asie et/ou directement arrivent en Europe dès 1,4 Ma. Ils s’installent en priorité dans le sud du continent. Ces hominidés occupent ponctuellement les zones plus septentrionales à la faveur d’améliorations climatiques. Leur mode de subsistance et leurs outillages sont très proches de ceux des hominidés vivant en Afrique de l’Est à la même période ou antérieurement, et ces types de comportements vont perdurer jusque vers 600 000 ans. À partir de 700 000 ans, de nouveaux types d’outilsapparaissent avec en particulier le façonnage de grandes pièces bifaciales (période du Paléolithique inférieur appelée Acheuléen).
On a peu d’informations concernant l’anatomie de ces plus anciens hominidés d’Europe dont les rares fragments fossiles ont été attribués à Homo antecessor (site d’Atapuerca en Espagne avec des restes datés de 1,2 Ma et 800 000 ans). À partir de 700 000 ans, quelques pièces fossiles, telle la mandibule de Mauer en Allemagne, suggèrent la présence d’autres types d’hominidés en Europe. Ils ont été regroupés sous le terme Homo heidelbergensis.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marie-Hélène MONCEL : directeur de recherche au CNRS
Classification
Médias