TRACHOME
Traitement individuel et traitement de masse
Une distinction doit être faite entre le traitement des cas individuels de trachome et le traitement de masse des populations vivant dans les zones où la maladie est endémique.
Le traitement des cas individuels est facile à surveiller. Dans la mesure du possible, il faut améliorer les conditions de vie du malade et lui faire observer les règles élémentaires d'hygiène.
Au stade aigu, on peut utiliser en même temps les sulfamides (sulfadiazine) et les antibiotiques (en particulier les tétracyclines et leurs dérivés). Les premiers sont administrés par voie générale et les seconds par voie soit générale, soit locale, soit encore les deux à la fois. On donnera peut-être la préférence aux sulfamides retard plus faciles à administrer, mais les composés à action rapide présentent moins de risques de réactions toxiques ou allergiques.
L'action des sulfamides et des antibiotiques sur les Chlamydia est liée au métabolisme relativement complexe de ces micro-organismes. Les sulfamides inhibent la synthèse de l'action folique, mais toutes les Chlamydia n'y sont pas sensibles. Les antibiotiques inhibent la synthèse des protéines au niveau des ribosomes. La présence de mucopeptides dans leurs parois cellulaires rend les Chlamydia sensibles à quelques-unes des pénicillines, mais elles le sont davantage aux antibiotiques à spectre d'activité étendu. On a mis au point de nouveaux antibiotiques, tels que rifamycines et mitomycine. Des préparations retard permettraient de réduire la fréquence des applications.
Au stade chronique, outre les antibiotiques, on a encore recours aux cautérisations locales avec des sels de cuivre. Les interventions chirurgicales sont rares ; il s'agit d'excision de paquets de granulations situés dans le cul-de-sac palpébral. On peut remédier aux opacifications de la cornée par des greffes lamellaires.
On a constaté dans plusieurs pays que la thérapeutique avait dépassé son objectif immédiat, l'atténuation de la gravité des cas individuels, car une campagne de traitement de masse peut limiter la propagation de l'agent infectieux dans une collectivité, notamment dans les écoles, et réduire ainsi, finalement, la prévalence de la maladie.
Dans les campagnes de masse, la pénurie d'installations et de personnel rend généralement toute surveillance étroite impossible ; le mieux est donc de pratiquer des applications locales d'antibiotiques. En effet, l'administration par voie générale peut provoquer des réactions toxiques ou allergiques et nécessite des dosages précis si l'on veut maintenir le produit à une concentration efficace sans effets cumulatifs. En outre, une résistance aux antibiotiques ou aux sulfamides utilisés peut apparaître dans ce cas chez d'autres micro-organismes pour lesquels on ne possède aucune thérapeutique de rechange.
Les recherches concernant une vaccination préventive n'ont pas abouti ; toutefois, le faible pouvoir antigénique de l'agent du trachome donne des résultats décevants dans les zones d'endémie où des essais ont été pratiqués. Bien que le trachome régresse dans les régions en voie de développement, l'infection y persiste sous forme inapparente, et des reprises seront toujours à craindre comme l'avait prédit, en 1933, Charles Nicolle dans son ouvrage Destin des maladies infectieuses.
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Écrit par
- Jean LEVADITI : professeur à l'Institut Pasteur
- Armand TIBI : professeur au Conservatoire national des arts et métiers
Classification
Autres références
-
ŒIL HUMAIN
- Écrit par Jean-Antoine BERNARD et Guy OFFRET
- 11 129 mots
- 13 médias
Parmi les maladies infectieuses causes d'atteintes visuelles pouvant aller jusqu'à la cécité, le trachome occupe encore, à l'échelon mondial, une place majeure. C'est une des affections les plus anciennement connues, puisqu'on la rencontre chez les Sumériens voici une cinquantaine de siècles....