TRACHYTES ET SYÉNITES
Syénites
Le mot « syénite » désignait, du temps de Pline l'Ancien, les roches de Syène (Assouan), en Haute-Égypte. Il fut appliqué par A. G. Werner (1788) à des roches à amphibole (hornblende) de la région de Dresde, qui se sont révélées plus tard pratiquement dépourvues de quartz, donc différentes de celles de Syène (qui sont en fait des granites à hornblende). Le sens donné par Werner a cependant persisté, fixé définitivement par H. Rosenbusch (1877), lequel définissait les syénites comme des roches à orthose, mais sans quartz. Le terme syénite est devenu représentatif d'une famille de roches éruptives plutoniques dont les formes volcaniques correspondent aux trachytes. Cependant certaines roches caractérisées aussi par les feldspaths alcalins renferment, en plus, des feldspathoïdes, notamment de la néphéline : on leur a donné le nom de syénites néphéliniques ; leurs équivalents volcaniques sont les phonolites. La formation de ces roches, qui s'inscrit dans le problème des roches alcalines et hyperalcalines, donne lieu à diverses interprétations dont les principales font appel à des phénomènes de différenciation ou de contamination de magmas basaltiques.
Caractères
Les syénites sont des roches holocristallines grenues, à grain moyen ou grossier, de couleur grise, violacée ou rougeâtre. Elles sont essentiellement constituées par des feldspaths alcalins (orthose ou microcline et plagioclase sodique, généralement en associations micro – ou cryptoperthitiques), formant des cristaux hypautomorphes ayant tendance à un développement tabulaire et orienté. Parmi les minéraux colorés, la hornblende est le plus courant, mais on peut aussi y trouver de la biotite, des amphiboles sodiques, du diopside, de l'aegyrine, et parfois même de l'olivine. Les minéraux accessoires les plus fréquents sont l'apatite, le sphène, la magnétite, l'ilménite, le zircon, etc. Les syénites ne renferment, en principe, ni quartz ni feldspathoïdes : ce sont des roches saturées, contenant juste assez de silice pour former des feldspaths, avec l'alumine et les alcalins. Il est rare cependant que cette condition soit rigoureusement réalisée, et il existe en général une petite quantité de quartz ou de néphéline.
Dans les syénites néphéliniques, par contre, les feldspathoïdes prennent une grande importance, toujours associés aux feldspaths alcalins ou plagioclases sodiques. Il s'agit surtout de la néphéline, mais aussi de noséane, de sodalite, d'analcime, etc. (la leucite, instable aux fortes pressions, n'apparaît que dans les formes volcaniques). Cela traduit le caractère sous-saturé fondamental de ces roches. En même temps, leur caractère alcalin et surtout sodique, déjà manifeste dans certaines syénites, se signale non seulement par la prédominance de l'albite et de la néphéline, mais aussi par celle des métasilicates sodiques : aegyrine, riébeckite, arfvedsonite, barkévicite, etc. De plus, ces minéraux sont riches en fer ferrique, comme l'est aussi le mica, typiquement du lépidomélane ; les orthopyroxènes sont toujours absents. Enfin, on observe généralement une teneur élevée en fer, chlore, phosphore, zirconium, titane et lanthanides, d'où un grand nombre de minéraux rares (eudyalite, mosandrite, lavenite, etc.), et souvent un grand développement du zircon et de l'apatite, surtout dans les pegmatites.
Classification
Il est nécessaire de fixer des limites précises aux compositions correspondant aux divers groupes de roches, limites variables suivant les systèmes de classification. La figure indique la classification de A. L. Streckeisen, à partir de la composition modale (cf. roches magmatiques). Les syénites appartiennent ainsi à l'ordre III (roches feldspathiques), groupes 6 et 7 ; les syénites néphéliniques appartiennent à l'ordre IV (roches feldspathiques[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CARRON : professeur de géologie à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
- Maurice LELUBRE : professeur émérite à l'université de Toulouse-III-Paul-Sabatier
- Pierre Edouard NATIVEL : chercheur attaché au laboratoire de pétrographie-volcanologie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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