Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TRADITIONALISME, philosophie

Doctrine selon laquelle les formes politiques et religieuses doivent être conservées, dès lors qu'elles sont traditionnelles, consacrées par le passé. Qu'on échoue à les justifier intellectuellement n'est pas une objection, car leur valeur ne tient pas au fait qu'on peut les vérifier ou non par voie critique (enquête et raisonnement sont faillibles, superficiels, inadéquats) ; elle tient au fait que la société, qui s'est édifiée bien avant l'apparition de la science, a dû connaître et satisfaire ses besoins profonds de manière spontanée, c'est-à-dire à partir d'une révélation congénitale. C'est cette révélation qui est le fondement de tout, y compris de la vérité. Et c'est par la tradition, chargée de transmettre la révélation initiale, que la vérité peut être connue (le traditionalisme conduit au fidéisme, parce qu'il réserve à la foi issue de la révélation et communiquée par tradition de déterminer même les vérités de raison). Historiquement, cette doctrine a été celle de Bonald, de Joseph de Maistre, de Bautain, de Bonnety. Elle repose sur une conception précise de l'autorité et de l'obéissance : l'homme est « un être essentiellement enseigné ». Il doit recevoir la vérité d'en haut, comme héritage collectif. Cet héritage ne peut venir que de la société, parce que la fondation de celle-ci coïncide avec une Révélation qui apporte toutes les vérités nécessaires, avec une Parole qui les authentifie et qui, d'ailleurs, pour certains traditionalistes, fut à l'origine d'une langue universellement comprise, véhicule de connaissances indispensables en matière d'organisation, de morale, de religion. Si, au contraire, l'homme entend user du sens propre, de la raison individuelle, il préfère la nouveauté à la « vérité oubliée » et il introduit l'erreur, puisque la nouveauté est « sans ancêtres », c'est-à-dire sans garantie, et devrait rester « sans postérité », faute de paternité légitime. Le traditionalisme fut condamné en 1855 par l'Église romaine, qui tint à réhabiliter l'usage normal de la raison et du raisonnement.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • BONALD LOUIS-AMBROISE DE (1754-1840)

    • Écrit par
    • 893 mots
    L'œuvre philosophique et politique de Bonald se présente comme un vaste démenti aux théories et aux idées révolutionnaires issues des encyclopédistes et de J.-J. Rousseau. Pour Bonald, l'idée contenue dans le Contrat socialest une idée fausse, contredite par les faits. Les individus,...
  • FIDÉISME

    • Écrit par
    • 293 mots

    Terme d'origine théologique, appliqué à la doctrine de Bautain et de Lamennais. Cette doctrine a été condamnée en 1838 par les autorités ecclésiastiques. Elle était liée au traditionalisme de Joseph de Maistre et de Bonald. Selon le traditionalisme, la vérité ne peut être connue que...

  • MAISTRE JOSEPH DE (1753-1821)

    • Écrit par
    • 1 628 mots
    ...analyse du politique et cette métaphysique de l'existence humaine, il y a place pour une compréhension concrète des sociétés. Maistre s'inspire ici de la théorie catholique de la tradition, telle qu'il pouvait la connaître, par exemple, à travers les Controverses de François de Sales. Comme l'Église,...