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TRAITÉ DES LOIS, Cicéron Fiche de lecture

Buste de Cicéron, I<sup>er</sup> siècle avant J.-C. - crédits :  Bridgeman Images

Buste de Cicéron, Ier siècle avant J.-C.

Le Traité des lois (De legibus) appartient à la série des œuvres politiques de Cicéron. Il fut sans doute rédigé à la suite du traité Sur la République (De re publica), écrit en 54 avant J.-C. Après avoir établi la meilleure forme de régime, Cicéron se propose en effet de rédiger les lois les mieux adaptées à celui-ci. Comme dans le De re publica, l'ouvrage se présente sous la forme d'un dialogue, mais réunissant cette fois Cicéron, son frère Quintus et son ami Atticus.

Trois livres nous sont parvenus : dans le livre I, sont examinés les fondements du droit véritable, situés dans la raison et la nature ; dans le livre II, sont exposées les lois concernant le culte et la religion ; dans le livre III, les lois concernant le droit public : magistrats, sénat. Plusieurs remarques, formulées dans le cours du dialogue, laissent penser que d'autres livres, aujourd'hui perdus, complétaient cet ensemble.

Une philosophie du droit

Avant de préciser quelles sont les lois les plus utiles à la communauté civique, Cicéron entend établir leur fondement, définir le juste véritable et « puiser le droit au cœur de la philosophie » (I, 5, 17). Il montre les limites du droit positif, inscrit dans les textes, car il ne saurait à lui seul fonder une justice digne de ce nom (I, 15, 42 ; II, 4, 10). Cette affirmation, sans cesse répétée dans le dialogue, conduit à rechercher dans la nature l'origine du droit et des lois. Le point de départ de ce système est la droite raison inscrite dans la nature, commune aux dieux et aux hommes, qui constitue la « loi véritable », antérieure à l'établissement de toute cité. Dans l'âme humaine, elle prend la forme de la vertu appelée « prudence », qui permet de distinguer ce qui est juste et injuste. De cette loi découle le droit véritable, lié à la ressemblance et à la parenté entre les hommes car « nous sommes nés pour partager et mettre en commun le droit » (I, 12, 33). Associé à une sorte d'instinct inné et à des « germes » de vertu, le droit naturel concerne les relations entre les membres d'une même famille ou d'une même cité : affection, respect, reconnaissance, telles sont les vertus à travers lesquelles s'affirme son existence ; en effet, pour chacune de ces situations, il existe une conduite, conforme à la justice, qui permet de rendre à chacun ce qui lui revient. Tel est le contenu premier du droit naturel. Ces principes sont ensuite exprimés et développés dans les lois civiles. Avec le livre I, se trouve donc affirmée de façon explicite l'existence d'une loi naturelle, origine et fondement des lois civiles ; de plus, le droit naturel reçoit un contenu qui n'est pas seulement moral mais juridique. Dans ce traité complexe et difficile, Cicéron développe et enrichit les thèmes brièvement esquissés dans le livre III du De re publica, l'usage de la forme dialoguée lui permettant d'envisager les divers aspects de la question et de nuancer sa pensée.

Les livres suivants exposent les lois de la cité, modelées sur la nature, concernant la religion, puis le droit public. Dans une langue et un style archaïsant, imitant la loi des Douze Tables, Cicéron reprend les principales caractéristiques du droit religieux et du droit public romain : comme à Rome, les magistrats sont des consuls et des préteurs, les prêtres des pontifes et des flamines ; les interlocuteurs discutent sur le rôle des tribuns de la plèbe ; certaines dispositions sont même directement empruntées à la loi des Douze Tables. Ce choix est volontaire : à ses interlocuteurs qui font remarquer l'étroite similitude de cette législation et de la tradition romaine, Cicéron répond en soulignant la cohérence logique de son exposé. (II, 10, 23 ; III, 5, 12). Dans le De re publica, il a été conclu que le meilleur régime est constitué par[...]

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Écrit par

  • : docteur d'État ès lettres, professeur agrégé à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Buste de Cicéron, I<sup>er</sup> siècle avant J.-C. - crédits :  Bridgeman Images

Buste de Cicéron, Ier siècle avant J.-C.

Autres références

  • CICÉRON (106-43 av. J.-C.)

    • Écrit par et
    • 5 893 mots
    • 1 média
    Écrit en même temps, et faisant peut-être partie du même plan initial, le De legibus, qui ne fut publié que beaucoup plus tard, est une réflexion sur la philosophie du droit religieux et du droit « civil » dont la partie la plus intéressante est sans doute un véritable projet de Constitution présenté...