- 1. Le commerce d'esclaves en Afrique
- 2. Effets de la Grande Déportation
- 3. Les déplacements des circuits de traite
- 4. Le regain de l'esclavage en Afrique
- 5. La traversée atlantique
- 6. La traite et la colonisation de l'Amérique
- 7. La traite et l'économie atlantique
- 8. L'abolition de la traite des Noirs
- 9. Bibliographie
TRAITE DES NOIRS
L'abolition de la traite des Noirs
À l'issue d'un puissant mouvement d'opinion influencé par les philanthropes, le Parlement anglais abolit en 1807 la traite des Noirs, au moment même où cette activité était rendue très lucrative par l'essor de la production sucrière des colonies britanniques aux Antilles. Cette prohibition entre en vigueur dès 1808. De même, en 1807, les États-Unis promulguent une loi interdisant le commerce océanique d'esclaves, loi qui sera appliquée en 1808. Peu à peu, les lois nationales et les traités internationaux rendent cette activité illégale. On voit alors apparaître, souvent avec la complicité d'armateurs et de négociants européens, des réseaux de traite clandestine basés dans les colonies ibériques en Amérique, surtout au Brésil et à Cuba. Toute une économie souterraine, similaire à celle qui existe actuellement autour du trafic international de la drogue, fit son apparition dans l'Atlantique. Environ 7 750 navires négriers transportèrent près de 2 millions et demi d'Africains vers l'Amérique entre 1808 et 1867 (fin de la traite à Cuba). Le cinquième de ces navires et le seizième des esclaves qu'ils transportaient furent saisis en cours de route par les marines de guerre respectives des nations participant à la croisade abolitionniste. Bien que très peu de vaisseaux négriers aient été anglais et que moins de 1 p. 100 de ces navires aient navigué dans les eaux territoriales britanniques, la Royal Navy fut responsable de la capture de 85 p. 100 des 1 635 navires arraisonnés au cours de ce demi-siècle d'opérations diplomatiques, politiques et navales contre le trafic des Noirs.
Ces chiffres appellent plusieurs considérations. Tout d'abord, il ressort que les coups portés à l'activité des trafiquants par les forces navales abolitionnistes n'étaient pas suffisants pour stopper la traite clandestine. Celle-ci ne connaîtra un arrêt définitif qu'à partir du moment où les pays importateurs d'esclaves seront amenés – surtout et d'abord en raison de la pression anglaise – à appliquer les lois nationales interdisant l'« infâme commerce ». Au Brésil, ce changement de politique engendre, en 1850, une véritable renaissance de l'État qui avait proclamé son indépendance à l'égard de la métropole portugaise en 1822. À Cuba, la fin définitive de la traite étiole la domination coloniale espagnole dans les Caraïbes et ouvre la voie à la prépondérance américaine dans la région. Ensuite, il faut tenir compte du rôle spécifique du gouvernement anglais dans la campagne abolitionniste. Par sa politique antinégrière, l'Angleterre consolide la Pax britannica en Afrique et en Amérique latine, réalisant ainsi la domination économique et diplomatique du monde amorcée à l'issue du congrès de Vienne.
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Écrit par
- Luiz Felipe de ALENCASTRO : professeur d'histoire du Brésil, directeur du Centre d'études du Brésil et de l'Atlantique sud à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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