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TRAITÉ DES PROPORTIONS, Albrecht Dürer Fiche de lecture

Publié à Nuremberg peu après sa mort, le Traité des proportions du corps humain d'Albrecht Dürer (1471-1528) n'avait été conçu à l'origine que comme un chapitre d'un ouvrage beaucoup plus vaste qui aurait présenté tout le savoir nécessaire à la formation d'un peintre, dont il traça plusieurs plans vers 1512. Pour Dürer, en effet, l'art de peindre ne se confondait pas avec la maîtrise artisanale du métier : il devait également reposer sur des connaissances théoriques, en particulier celle de la perspective et celle des proportions du corps humain. Seules, elles pouvaient assurer la justesse des œuvres et permettre aux artistes allemands d'égaler leurs confrères et concurrents italiens.

Au fil des ans, Dürer poussa si loin l'étude des proportions qu'il abandonna le reste de son projet initial pour s'y consacrer. Toutefois, en 1525, il publia un traité de géométrie pratique rédigé en langue allemande et destiné à apporter aux artistes allemands, auxquels s'adressait aussi le Traité des proportions, les connaissances nécessaires à la bonne compréhension de celui-ci.

Les prémices

Les proportions du corps humains étaient depuis longtemps l'objet de recherches en Italie. Dans un projet de dédicace du Traité à son ami l'humaniste Willibald Pirckheimer, Dürer rapporte que son attention fut attirée sur ce problème par le Vénitien Jacopo de' Barbari, qu'il avait peut-être rencontré à Venise en 1494 et qu'il fréquenta certainement lorsque celui-ci vint s'établir à Nuremberg en 1500. D'après ce texte, Jacopo lui aurait montré les figures d'un homme et d'une femme dessinées d'après un système de proportions, mais sans vouloir lui indiquer la méthode suivie. Comme « nous n'avons pas les livres d'Apelle, non plus ceux de Phidias, de Protogène et des autres », ainsi qu'il le déplore dans un autre projet de dédicace, il consulta le traité d'architecture de Vitruve, qui établit un rapport entre le corps humain et les proportions d'un édifice. Il adopta alors une méthode de construction par la règle et le compas dont il fait de la démonstration en 1504 dans une grande gravure sur cuivre, Adam et Ève. Le sujet biblique n'est qu'un prétexte pour montrer deux corps aux proportions non seulement justes, mais encore idéales.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

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