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TRAITÉ DES PROPORTIONS, Albrecht Dürer Fiche de lecture

Le « Traité » et sa réception

Le Traité des proportions se compose de quatre livres. Dans le premier, Dürer indique la manière de construire des figures d'hommes et de femmes ayant de sept à dix têtes de hauteur ainsi qu'une figure d'enfant, des têtes, une main, un pied. Plus bref, le livre II traite du même objet avec une méthode différente. Dans le livre III, Dürer décrit le moyen permettant de faire varier les proportions d'une tête ou d'une figure et donne des exemples des déformations ainsi obtenues. Le livre IV concerne la méthode de représentation de la tête ou des membres placés en différentes positions, donc vus en raccourci, ce qui implique leur réduction à des formes géométriques.

À la construction normative par la règle et le compas qui fixait les proportions idéales d'Adam et Ève, Dürer substitue une méthode descriptive fondée sur un système de divisions qui, certes, établissent des proportions entre les différentes parties du corps, mais des corps d'aspect très différent, depuis les plus trapus jusqu'aux plus allongés. Dans le livre III, de plus, le jeu des variations permet de modifier les proportions internes, par exemple le rapport entre le front, le nez et le menton. Si Dürer crée ainsi des visages qui annoncent les recherches de la physiognomonie et l'art des caricaturistes, son enseignement perd par contre toute utilité dans la mesure où il ne fait qu'apporter une confirmation géométrique à l'observation du réel dans son infinie diversité.

Là ne réside pas la seule limite de son Traité. La complexité de ses constructions les rend en pratique à peu près inutilisables. Michel-Ange, de plus, remarquait que ses figures, plantées droit comme des pieux, n'étaient d'aucune utilité pour l'artiste qui devait les représenter en mouvement. C'était oublier l'enseignement du livre IV, mais la réduction des différentes parties du corps à des volumes géométriques pour les mettre en perspective obligeait à un effort de construction tel qu'aucun peintre ne pouvait s' y résoudre.

L'ouvrage, pourtant, fut traduit en latin dès 1532, puis en français, en espagnol, en néerlandais et en anglais, et les rééditions se multiplièrent jusqu'au xviie siècle. Au xixe siècle, il connut un regain d'intérêt, mais purement historique, grâce aux spéculations sur les proportions du corps humain liées à l'enseignement académique, aux recherches archéologiques et aux progrès de l'anatomie.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

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