TRAITEMENT SYNTAXIQUE (perception et compréhension)
Le rôle de la mémoire de travail (MT)
La situation se complique si l’on considère ce qui se passe avant la levée de l’ambiguïté. Il arrive fréquemment que le lecteur passe très vitesur la région ambiguë, comme s’il décidait d’en suspendre le traitement et d’attendre qu’un nouvel indice lui permette de lever l’ambiguïté. Ce phénomène est observé en particulier chez les lecteurs dont la capacité de la mémoire de travail est relativement faible, ce qui pourrait laisser penser qu’il traduit une sorte d’incapacité à traiter correctement l’ énoncé. Il n’en est rien. La compréhension des phrases n’est généralement pas affectée par la capacité de la mémoire de travail. En outre, ces lecteurs à faible MT font globalement moins de retours en arrière en direction de la zone ambiguë que leurs homologues mieux dotés. Ils ont donc bien retenu quelque chose de l’énoncé, même si ce « quelque chose » ne répond probablement pas aux critères de bonne formation habituels. Ajoutons que le phénomène dont on vient de parler n’est observé que pour certaines formes d’ambiguïtés et qu’il est sensible à la difficulté de la tâche, une représentation incomplète pouvant suffire s’il s’agit simplement de répondre à quelques questions de compréhension après l’expérience. On peut en conclure que l’analyse syntaxique est, dans une certaine mesure, sous le contrôle stratégique du lecteur, celui-ci ayant apparemment la possibilité de gérer dynamiquement ses ressources mnémoniques.
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Écrit par
- Joël PYNTE : directeur de recherche au CNRS, retraité
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