TRANSHUMANCE
Les mouvements pastoraux en montagne ont pour but de profiter au mieux de l'étagement des pâturages en altitude. L'estivage, ou inalpage, des montagnes d'Europe est un déplacement intramontagnard entre des étables d'hiver situées dans les vallées et les alpages. Le semi-nomadisme montagnard oriental (Turquie, Iran, Caucase) entraîne tout le groupe humain à la suite du troupeau. La transhumance véritable est un mouvement menant les troupeaux d'un pâturage d'été à un pâturage d'hiver et vice versa. La transhumance normale, qui intéresse les troupeaux de plaine, associe un alpage d'été et un pâturage d'hiver en plaine. La transhumance inverse, au contraire, met en mouvement les troupeaux des villages montagnards vers les plaines périphériques pendant l'hiver.
L'ampleur des mouvements de transhumance traditionnels en avait fait une véritable institution, reconnue et favorisée par les pouvoirs publics. Les règles de passage sur les territoires cultivés étaient soigneusement codifiées, les chemins bien tracés et respectés par les sédentaires (drailles conduisant vers le Massif central). En Espagne, l'association des grands éleveurs, la Mesta, fut un groupe de pression très puissant qui défendait âprement ses privilèges et ses zones de parcours.
Un troupeau transhumant pouvait rassembler jusqu'à 15 000 moutons, menés par une trentaine de bergers accompagnés de 100 à 150 bêtes de somme. Son passage était un événement dans les campagnes, à la montée comme à la descente. Cependant, la transhumance aboutissait souvent à une mise en coupe réglée de la montagne. Des conflits constants opposaient les bergers aux communautés rurales montagnardes pourvoyeuses de pâturages : querelles à propos de la surcharge des alpages entraînant un danger de surpâturage, conflits violents avec les forestiers accusant les bergers d'incendies volontaires pour accroître la surface des pacages.
La transhumance est un mode d'élevage qui se perd, notamment à cause de la mise en culture des pâturages d'hiver dans les plaines et de l'exode rural.
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Écrit par
- Roger BÉTEILLE : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Poitiers
Classification
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