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TRANSHUMANISME

Un homme nouveau extrapolé

La plupart des discours transhumanistes fondent leur crédibilité sur l’usage assez systématique de l’extrapolation, à partir des techniques actuelles et des acquis qu’elles peuvent fournir. On pourrait dégager cinq grands axes selon lesquels se déploient les espérances transhumanistes, chacun correspondant à une vision pour le moins extensive de l’état actuel des techniques :

– Amélioration générale et continue de l’état de santé et de bien-être des individus.

– Élimination des effets du vieillissement et, à terme, de la mort. Dans les deux cas l’argumentation repose sur les acquis de la médecine, sur le fait que dans les sociétés techniquement les plus avancées l’espérance de vie a considérablement augmenté. Si on vit plus vieux et en meilleure santé on peut donc espérer poursuivre indéfiniment ce mouvement par une amélioration constante des techniques médicales voire génétiques, le génie génétique et les nanotechnologies fournissant les outils à une telle entreprise. La limite d’une telle évolution serait une forme d’éternité obtenue par le biais d’un renouvellement par des artifices soit de nature biologique (fabrication d’organes par des cellules souches), soit de nature électronique (la prothétique et le cyborg) des parties de nos organismes frappées par le vieillissement.

– Implantation humaine massive hors de la Terre. On pourrait craindre que les vieillissements retardés, voire l’abolition de la mort, conduisent à une insupportable surpopulation. Mais l’aventure spatiale telle qu’elle existe depuis le milieu du xxe siècle laisse espérer que, dans un futur assez proche, ce problème pourra être réglé par le déplacement massif de populations humaines vers une autre planète.

– L’accroissement indéfini de nos capacités intellectuelles, physiques, psychologiques repose sur le développement des machines informatiques auxquelles nous pouvons être de plus en plus intimement reliés (voir les expériences d’implantation de puces électroniques dans l’organisme), et les expériences de plus en plus nombreuses de prothèses étroitement imbriquées dans les corps. Ce qui commence à réussir dans la réparation des corps peut être envisagé pour une augmentation des performances physiques du sportif ou la capacité intellectuelle de celui qui pourra se passer de repos ou de sommeil, être directement connecté à une encyclopédie, voire disposer de mémoires artificielles directement implantées sur son système nerveux central. Certains, tel l’écrivain de science-fiction américain Vernor Vinge, prédisent la survenue imminente de la « singularité technologique », moment crucial où une super-intelligence artificielle dépassera définitivement l’intelligence humaine.

– Enfin, si l’on peut éprouver quelques doutes quant à une véritable éternité des corps, certains envisagent celle de l’esprit par le biais d’une copie de celui-ci sur un autre support que notre cerveau, qui pourrait alors être voué au dépérissement. Pour les promoteurs d’un tel transfert (uploading) de l’esprit dans une machine, c’est le développement extraordinaire des machines électroniques et de leur capacité exponentielle de stockage (suivant la loi de Moore) qui en justifie la possibilité.

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Écrit par

  • : professeur des Universités honoraire, université de Bourgogne

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