TRANSHUMANISME
Limites du projet transhumaniste
Si certaines de ces extrapolations sont effectivement envisageables, d’autres se heurtent à des impossibilités manifestes.
Par exemple, il est vrai qu’il existe aujourd’hui des prothèses extrêmement intégrées à l’organisme qui pourraient servir à la mise en place d’un homme « augmenté », pouvant courir à plus grande vitesse, soulever des charges bien plus lourdes que la normale, enfin apprendre plus vite et effectivement disposer d’une puissance cognitive accrue. Les nanotechnologies ouvrent également la possibilité d’aller réparer les moindres défaillances au plus intime de notre corps.
En revanche on ne voit pas comment on pourrait, dans l’état actuel des techniques informatiques, même considérablement accrues par l’ordinateur quantique, transférer l’information correspondant aux quelque 1010 neurones et 1014 synapses d’un cerveau humain, soit une quantité de données gigantesque. Ajoutons que l’esprit n’est pas simplement une masse considérable d’informations statiquement enregistrées dans la structure cérébrale mais une configuration réticulaire, un réseau très complexe en perpétuelle restructuration.
On voit bien que dans le transhumanisme se côtoient à la fois des extrapolations parfaitement envisageables et des utopies qui tiennent peut-être du désir d’éternité mais échappent au moindre grain de réalisme, des philosophies prudemment optimistes quant à l’avenir de l’humanité et le scientisme le plus débridé.
Formulées du point de vue de la morale et de la bioéthique, des critiques et des réticences à l’égard de ce mouvement se développent aujourd’hui. Elles soulignent notamment les problèmes d’identité posés par l’individu augmenté dont la personnalité pourrait être profondément altérée (discriminations et rivalités potentielles entre humains et transhumains), le risque de perte des valeurs liées au mérite (déjà encouru par la pratique du dopage dans le sport), la marchandisation du vivant (qui pourrait « acheter » l’éternité ou la puissance ?), les menaces sur la liberté si l’homme augmenté est aussi un homme programmé…
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Écrit par
- Gérard CHAZAL : professeur des Universités honoraire, université de Bourgogne
Média
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