TRANSPLANTATION D'ORGANES
Conditions techniques
Si les techniques chirurgicales de la transplantation diffèrent bien entendu d'un organe à l'autre, le choix du donneur, la conservation de l'organe entre son prélèvement et sa greffe, enfin le traitement et la surveillance du receveur se font dans tous les cas selon des principes analogues. Ceux-ci ont été mis au point par les premiers techniciens, les transplanteurs de rein.
Le choix du donneur
L' organe ne peut être prélevé sur un donneur vivant que dans le cas d'organes doubles tels que le rein : l'ablation d'un des deux reins à un sujet sain n'entraîne, en effet, aucune conséquence sur sa santé ; l'intervention comporte néanmoins un risque, faible, mais non nul, risque post-opératoire immédiat (0,05 p. 100) et risque d'accident ultérieur sur un rein restant désormais unique (0,07 p. 100), si bien que, même dans le cas du rein, le prélèvement de l'organe sur un cadavre semble préférable au prélèvement sur donneur vivant volontaire, sauf dans certains cas particuliers ci-dessous définis. Pour les autres organes, seul est possible le prélèvement sur un homme décédé d'une affection laissant indemne l'organe considéré et, de plus, ne comportant aucun risque de transmission d'une maladie au receveur.
Le donneur doit, en outre, répondre à certaines exigences de compatibilité. Le groupe sanguin du donneur et du receveur doivent s'accorder comme pour une transfusion sanguine. Des tests spéciaux doivent vérifier que le receveur n'a pas été « présensibilisé » (par suite de transfusions antérieures, de grossesses, etc.) aux antigènes du donneur (le terme « antigènes » désignant les structures chimiques qui peuvent susciter des réactions immunologiques). Enfin, on tente de prévoir la compatibilité du donneur et du receveur, c'est-à-dire le degré d'acceptation de la greffe par le receveur, au moyen de diverses techniques.
Le principe de ces techniques est fondé sur l'analyse des facteurs responsables de la compatibilité entre les divers individus d'une même espèce, facteurs transmis selon les lois de l'hérédité et dépendant en majorité d'une région spécialisée du matériel chromosomique : cette région est souvent nommée complexe majeur d'histocompatibilité. Ce dernier comprend lui-même une série de gènes, donnant naissance à des antigènes détectables par des sérums spéciaux sur les globules blancs ou les plaquettes du sujet (c'est le système HLA défini plus haut).
Sans entrer dans de plus amples détails, on dira simplement que les méthodes actuelles d'analyse de la compatibilité font merveille entre donneurs et receveurs apparentés : c'est ainsi qu'entre frères ou sœurs HLA identiques, c'est-à-dire ayant hérité les mêmes antigènes HLA à la fois de leur père et de leur mère, la greffe du rein connaît près de 100 p. 100 de succès ; c'est pourquoi ces donneurs HLA identiques sont d'ordinaire considérés, à l'instar des jumeaux vrais, comme des donneurs acceptables même par ceux qui estiment que dans tous les autres cas il est éthiquement préférable de ne recourir qu'à des reins de cadavre pour éviter de faire courir un risque à un donneur vivant.
Les méthodes d'évaluation de l'histocompatibilité entre sujets non apparentés, cas habituel de l'organe prélevé sur un cadavre, sont beaucoup moins sûres dans l'état actuel des techniques. Le degré de confiance qu'on peut leur accorder est l'objet de vives discussions dont il serait trop long de rapporter ici le détail, mais, dans l'ensemble, l'identité des antigènes HLA du donneur et du receveur est considérée comme un élément favorable.
La conservation de l'organe
Les organes ne demeurent viables et utilisables pour une greffe qu'un temps limité[...]
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Écrit par
- Henri BISMUTH : professeur à la faculté, chirurgien des hôpitaux, chef de service
- Jean-François DELFRAISSY : chef de service de médecine interne et maladies infectieuses de l'hôpital Bicêtre, Val-de-Marne, professeur d'immunologie clinique et de médecine interne à la faculté de médecine de Paris-Sud
- Jean DORMONT : ancien doyen de la faculté de médecine de l'université de Paris-Sud
- Jean HAMBURGER : membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences
- Didier SAMUEL : docteur en médecine, praticien hospitalier, hépatologue.
Classification
Média
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